Aujourd'hui a été une de mes pires journées depuis notre retour en France. Il faut dire que c'était le "pont", et moi j'avais oublié ce qu'était un pont. J'étais donc l'un des très rares imbéciles à me rendre au travail aujourd'hui. Bien mal m'en a pris.
11h35 : Première mauvaise nouvelle de la journée, le restaurant inter-entreprises où je mange chaque jour a décidé de faire le "pont", et on nous en informe 25 minutes avant midi. J'imagine qu'ils ont réalisé qu'il y avait deux ou trois pingouins qui bossaient, donc autant leur faire passer l'info visiblement non urgente, puisque tous les autres font le pont !
12h00 : Je décide donc d'aller à Mc Donald's puisque j'ai des coupons de réduction à utiliser et que je ne n'y vais pas très souvent. La circulation est un véritable enfer, je mets 15 minutes pour faire une poignée de kilomètres. Arrivé à Mc Do, c'est l'anarchie totale. Des voitures partout, le parking plein, des voitures garées en bord de route dans l'herbe, remplissant même le parking du magasin d'à côté... D'un coup, je réalise que c'est non seulement le pont, mais que 80% de la population est également en vacances puisque les enfants le sont. Et vu qu'en France, la sortie culinaire en famille des vacances, c'est Mc Do, et bien moi je dis tant pis pour Mc Do et je me casse !
12h10 : Lorsque je suis frustré de quelque chose, je cherche toujours à compenser en me faisant plaisir. Si je ne peux pas mal manger à Mc Do, alors je mangerai mieux dans une pizzeria. Nouvelle erreur de ma part. Ils sont là aussi, ils sont partout en fait. Les parkings sont pleins, ils viennent de toute la Franche-Comté et même d'ailleurs. Ils "descendent à Besançon", comme on dit en Franche-Comté, une pratique qui consiste à aller dépenser tout son argent dans des grandes enseignes en ville pour couler les petits commerces locaux, et contribuer ainsi à l'exode rural. Quant à commander sur Internet plutôt que de faire 150 bornes pour aller dépenser de l'argent, on n'en est pas encore là, pas en Franche-Comté ! Descendre à Besac, c'est bien mieux.
13h45 : Au bout d'1h30, j'ai réussi à manger une pizza et à boire un café. L'invasion se confirme, les gens faisant la queue au resto jusqu'à attendre dehors, une pratique que je n'avais jamais vue ailleurs qu'aux USA jusqu'alors... Je ne parle pas de la rapidité du service ni de sa qualité, au risque de pleurer de nostalgie sur mon passé américain. Les employés courent dans tous les sens mais sont en sous-effectif donc ne peuvent rien y faire. Pendant ce temps, on nous dit qu'il y a des gens au chômage... Je ne comprends pas mais je me tais et je prends 1h30 pour manger une pizza, puisque c'est ainsi que cela doit être dans notre beau pays. C'est de ma faute aussi, j'ai voulu aller au bureau aujourd'hui, imbécile que je suis !
16h30 : Il n'y a pas grand monde au bureau et les gens semblent vouloir en profiter pour partir plus tôt que d'habitude. Après tout, on est les couillons de service, mais il y a des limites à la tolérance humaine. J'attends malgré tout 17h pour quitter le bureau, probablement pour avoir l'impression d'avoir bonne conscience.
19h30 : Je suis à la maison depuis quelques temps déjà et j'attends Adeline pour le dîner. Le téléphone sonne, Adeline est bloquée à Besançon, sa voiture lui joue des tours... Et devinez quoi ? Il est 19h30 donc tout est fermé, bien entendu. Demain sera férié donc tout sera fermé également. En attendant, nous voilà avec une voiture en panne et une situation à gérer pendant au moins 48 heures, si ils ne nous construisent pas un nouveau "pont" après le 1er novembre, cela va de soi. Pas de AAA, pas d'envie de dépenser un SMIC dans une dépanneuse qui va faire cinq kilomètres pour nous déposer devant un garage fermé, donc on va se débrouiller comme on peut. En attendant, on courbe le dos, on ne dit rien car tout ceci est normal, ça l'a toujours été, n'est ce pas ? Et bien plus pour nous, qui avons connu un pays ou le service avait un sens, quelque soit le jour et l'heure.
21h00 : Je finis mon article avec soulagement. Bien sûr je suis toujours en colère, mais se défouler un peu ne peut pas faire de mal. Dans une semaine, nous serons en Italie pour un bien joli road-trip, et c'est tout ce qui compte. La France a beau essayer de nous re-formater, elle n'y arrivera pas. Je n'ai pas envie de faire partie du moule, ça ne m'intéresse plus. Pas touche à ma liberté !
Alain, en mode "pas content" (et un peu ronchon)