L’énigme du retour est une oeuvre très personnelle, même selon les standards de Dany Laferrière. L’auteur y raconte la mort de son père, le deuil et le retour à un passé que l’on devine pas très rose dans une Haïti (pré-tremblement de terre) désolante. Laferrerrière n’avait pas foulé le sol d’Haïti depuis 30 ans. Il s’est donné comme triste tâche d’annoncer à sa mère la mort de Windsor, son père, récemment décédé à New York. Windsor avait été forcé à l’exil 50 ans plus tôt par le régime Duvalier.
L’auteur nous décrit sa terre natale à travers plusieurs petits tableaux mettant en scène des Haïtiens rongés par la pauvreté, la famine et le désespoir. Le contraste avec la réalité nord-américaine ne pourrait être plus marquant. Par contre, ces situations ouvrent la porte à des évocations touchantes, tel le moment où l’auteur se retrouve seul avec sa mère pour lui rapporter la triste nouvelle. Ce passage à lui seul vaut la lecture du livre.
J’avais lu des critiques ultra-dithyrambiques de L’énigme du retour. Le livre s’est d’ailleurs mérité le prestigieux prix Médicis en 2009. Je dois toutefois avouer que le livre m’a déçu en général. Dans mon cas, c’est surtout une question de forme plutôt que de fond. L’auteur a choisi de mélanger prose, poésie et haïku, ce qui m’a agacé. Disons que je ne suis pas un très grand fan de haïku, cette forme de poésie libre qui à mon avis trace une ligne très mince entre le signifiant et… ce qui l’est moins, mettons.
Chapeau à Dany Laferrière pour l’audace et l’abandon dans le style, mais à mon sens il en a résulté un roman inégal. J’imagine que c’est précisément pour cette raison que le livre a fait sensation chez plusieurs personnes… Alors à vous de vous en faire votre propre idée.