C'est le premier essai réussi réalisé avec la libération de moustiques mâles génétiquement modifiés pour lutter contre la dengue. Cette recherche publiée dans l'édition du 30 octobre de la revue Nature Biotechnology, réalisée sur une aire de 10 hectares des Iles Cayman, envahie par Aedes aegypti, le moustique responsable de la maladie, a donné lieu à une invasion satisfaisante de moustiques génétiquement modifiés et tout à fait capables de rivaliser avec leurs homologues sauvages pour féconder les femelles qui donnent, ensuite, des larves non viables. Un beau succès pour cette recherche dont le principe est actuellement testé, aussi, pour lutter contre le paludisme.
Les auteurs rappellent que la dengue est la maladie virale la plus importante transmises par des arthropodes, avec près de 100 millions de cas signalés chaque année dans le monde. Comme aucun vaccin homologué ou traitement dédié n'existe pour la dengue, les stratégies les plus prometteuses pour contrôler la maladie impliquent de cibler le moustique vecteur prédominant, Aedes aegypti.
Cependant, les méthodes actuelles s'avèrent insuffisantes. Depuis dès 1940, de nombreuses approches ont été testées, impliquant les moustiques génétiquement modifiés et la libération de moustiques transgéniques stériles males. Le principe, les moustiques mâles sont modifiés afin que leur descendance meure avant d'atteindre l'âge adulte et donc avant de se reproduire. Lorsque les femelles se reproduisent avec les mâles stériles plutôt que les mâles sauvages fertiles, elles donnent donc naissance à une descendance non viable.
Toutefois, les moustiques mâles élevés en laboratoire concurrencent difficilement les mâles sauvages en termes de recherche et d'accouplement avec les femelles sauvages, ce qui reste un point essentiel à la réussite de ces stratégies.
Ingénierie génétique et fluorescence : Cet essai a été réalisé en collaboration avec Oxitec (Oxford Insect Technology), une société spin-off de l'Université d'Oxford qui utilise une approche d'ingénierie génétique. Une partie des œufs récoltés dans l'aire d'étude dans les semaines qui ont suivi, portaient bien la modification génétique, ce qui signifie que les moustiques génétiquement modifiés s'étaient accouplés avec succès. Les mâles génétiquement modifiés, également porteurs d'un gène fluorescent (Visuel ci-contre), représentaient 16% des moustiques présents dans la zone d'étude et ont engendré 10% des larves, montrant ainsi une capacité à peu près comparable à celle des mâles sauvages. Une proportion et une capacité jugées acceptables, selon les scientifiques d'Oxitec.
D'autres recherches sont en cours pour lutter avec ces mêmes stratégies contre le paludisme.
Source: Nature Biotechnology(2011) doi:10.1038/nbt.2019 Published online 30 October 2011 “Field performance of engineered male mosquitoes” Oxitec. Oxford Insect Technologies