15) Newport Festival [1963-1965]
Contenu : Commençons par le fameux festival de Newport, catalyseur de l'évolution du Zim entre 1963 et 1965. Lorsqu'il y débarque pour la première fois, Joan Baez le tient par la main et le fait monter sur le trône de la scène folk. L'été suivant, il regarde déjà ailleurs et passe plus de temps à réciter de la poésie qu'à défendre les peuples opprimés. Et lors de son ultime passage, il crée un scandale en branchant les guitares et en mitraillant tout sur son passage en compagnie du Butterfield Blues Band (futur Hawks, futur The Band), marquant malgré lui l'histoire de la folk music et du rock'n'roll. Sur différentes compilations, ainsi que sur les "Bootlegs Series" officiels, vous trouverez l'intégralité de ses performances, qui valent toute le détour, que ce soit le duo passionné Dylan/Baez sur "With God On Our Side", la pureté d'un "Mr. Tambourine Man" jouer les cheveux dans le vent ou la violence d'un "Maggie's Farm" resté dans les annales et qui aurait presque valu un infractus au père de ce bon vieux Pete Seeger. Tout est documenté également dans "No Direction Home" et dans l'excellent documentaire "The Other Side of the Mirror", disponible en DVD. Aucun doute, l'intégralité du passage de Dylan à Newport est à conserver comme un passionnant livre d'Histoire. Highlights : "With God On Our Side" (1963), "Mr. Tambourine Man" (1964), "Maggie's Farm/Like A Rolling Stone" et "It's All Over Now" avec des larmes dans les yeux parce qu'il s'agit d'un véritable adieu (1965).
Son : 9/10.
16) Thin Wild Mercury Music [1965-66] Contenu : Probablement le meilleur coffret pour découvrir toutes les merveilleuses outtakes et prises alternatives de cette période faste où la créativité de Dylan est à son apogée. Plutôt que de nous inonder les oreilles avec un trop plein de génie, il s'agit d'une sélection méticuleuse de l'essentiel, avec des perles intemporels comme "I'll Keep it With Mine", "She's Your Lover Now" ou une version plus rythmée de "Visions of Johanna". Il existe bien entendu un tas d'autres compiles et un tas d'autres titres éparpillés entre 65 et 66, mais je conseille ce coffret aux débutants. Highlights : "I'll Keep it With Mine", "She's Your Lover Now", "Can You Please Crawl Out Your Window", "Visions of Johanna"
Son : 8/10.
17) "Don't Look Back" Soundtrack [Mai 1965] Contenu : Mais avant d'enregistrer toutes ces merveilles, Dylan avait encore un tour d'Angleterre à faire et un tas de protest-song à chanter devant un public qui est venu pour ça. On peut admirer la mutation de l'artiste devant un public perplexe dans l'indispensable documentaire "Don't Look Back", premier rockumentaire réédité dans une belle édition DVD. Ce qui nous intéresse ici, c'est les performances de Dylan qui bâcle ses vieilles scies folk mais brille lorsqu'il interprête ses titres les plus récents, comme "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)". On peut également entendre les jams-sessions entre Dylan, Neuwirth et Baez (qui sera bientôt virée de l'aventure), chantant en coeur des classiques d'Hank Williams. Et le plus beau reste encore cette improvisation au piano... Highlights : "Concert Medley", ""Piano/Harmonica Tune", "Lost Highway"
Son : 7/10.
18) Manchester, Free Trade Hall [7 Mai 1965]
Contenu : Dernier témoignage d'un concert tout acoustique, enregistré au printemps 1965 à Manchester. Un bon complément à "Don't Look Back" et sa bande-son, surtout que le son a été conservé parfaitement. Dès l'intro, avec un "The Times They Are A-Changin'" joué à toute vitesse, on sent que oui, les temps vont changer et que des chansons comme "Hattie Carroll" ou "With God On Our Side" sont déjà les vestiges d'une époque révolue. Le reste est un torrent de poésie récité avec style et intensité.
Highlights : "Love Minus Zero/No Limit", "Gates of Eden", "It's Alright Ma (I'm Only Bleeding)", "Talkin' World War III Blues"
Son : 9/10.
19) BBC Broadcast 1965 [June 1965]
Contenu : Même ambiance que sur la tournée anglaise de 1965, sauf que là, c'est enregistré pour la BBC. Malgré le son pas si professionnel pour une telle institution, il s'agit encore une fois d'un instantané de cette période de mutation, avec un Dylan en parfait contrôle de son art.
Highlights : "She Belongs to Me", "One Too Many Mornings", "Boots of Spanish Leather"
Son : 7/10.
20) "Highway 61 Revisited" Sessions [June 1965]
Contenu : Il y a donc le coffret "Thin Wild Mercuy" cité plus haut mais vous pouvez aussi vous procurez l'intégralité des sessions d'"Highway 61 Revisited", le meilleur album jamais enregistré. D'excellentes prises alternatives de "Tombstone Blues", "Highway 61" ou "Just Like Tom Thumb's Blues", un "Desolation Row" au rythme différent, une version encore plus bluesy de "It Takes A Lot to Laugh, It Takes A Train To Cry", des curiosités pleine d'énergie improvisé avec les Hawks et pour les complètistes, un tas de versions de "Like A Rolling Stone", de l'ébauche au piano avec la voie enroué à ce morceau intemporel qui a inspiré tout un bouquin à ce taré de Greil Marcus. Hélas, pas de nouvelle version de "Queen Jane"...
Highlights : "Sitting on a Barbed Wire Fence", "Like A Rolling Stone, take 1", "Just Like Tom Thumb's Blues"
Son : 8/10.
21) Hollywood Bowl 1965 |1er Septembre 1965]
Contenu : Et la formule qui fera scandale à travers le monde l'année suivante se déploie véritablement dans un stade californien, en cette rentrée 1965. D'abord les meilleurs chansons acoustiques des trois derniers albums, puis les Hawks qui viennent allumer la poudre avec un concentré énergique mais encore un peu maladroit de rock'n'roll symboliste. L'audience n'exige pas encore d'être remboursé mais il y a de l'électricité dans l'air et c'est l'occasion d'entendre Al Kooper à l'orgue, celui qui plus tard avouera avoir craint pour sa vie et celle de Dylan pendant toute cette tournée expérimentale...
Highlights : "Tombstone Blues", "Desolation Row", "Like A Rolling Stone"
Son : 7/10.
22) Berkeley 1965 [4 Décembre 1965]
Contenu : Même combat, quelques mois plus tard, toujours en Californie. Si Al Kooper a quitté l'aventure, le groupe a trouvé son rythme de croisière et pour un enregistrement amateur de 1965, la qualité est plutôt correct.
Highlights : "Positively 4th Street", "Long Distance Operator"
Son : 6/10.
23) San Francisco Press Conference [Décembre 1965]
Contenu : Ceux qui ont la chance de posséder le bouquin "Dylan par Dylan", recueil d'entretiens, savent que la verve et l'arrogance du chanteur font également partie de son oeuvre et que lire ces interviews sont parfois aussi riches que ses chansons. En plein malentendu avec les journalistes, Dylan donne une conférence à San Francisco, le 17 décembre 1965 et fait son habituel travail de répartie et d'absurde. L'enregistrement a vieilli mais reste un document primordiale pour comprendre les états d'âme du Dylan rock-star.
Son : 6/10.
24) Denver Hotel Tape [13 Mars 1966]
Contenu : Dans une chambre d'hôtel de Denver, Dylan fredonne ce qui servira de base à l'élaboration finale de "Blonde On Blonde", apothéose qui germe dans son esprit depuis l'automne dernier et qui sera bientôt livré au monde entier. Cette chambre d'hôtel, c'est le calme avant la tempête. Si le son n'est pas toujours de grande qualité, on peut entendre les prémices et l'évolution de "Sad-Eyed Lady of the Lowlands" et d'autres variations surréalistes...
Son : 6/10.
25) Glasgow Hotel Tape [19 Mai 1966]
Contenu : Et cette chambre d'hôtel, c'est le calme pendant la tempête, comme on le découvre en visionnant "Eat the Document" (disponible sur Youtube, en attendant une sortie DVD hautement improbable). Face à Robbie Robertson et à l'abri de la foule qui veut sa peau, Dylan dessine des bouts de chansons du bout de ses longs doigts osseux, des bouts de chansons qui vont former ce "Can't Leave Her Behind", 1 minutes 27 de pure beauté, un petit trésor à posséder absolument.
Son : 6/10.
26) Genuine Live 1966 [Printemps 1966] Contenu : Un coffret de huit CDs qui retranscrit la quasi-intégralité de la tournée printanière de 1966, qui mènera Dylan et son orchestre diabolique de l'Australie à l'Europe. Tout est là, et bien plus encore. On peut trouver les différents CD séparèment ou dans des coffrets encore plus vastes, mais on peut se contenter de celui-là car, de toute façon, le tout est répétitive et chaque concert n'a pas la même qualité d'enregistrement. Je conseille celui de Sydney où l'on entendrait presque Dylan pleurer lors de son set acoustique, celui de Manchester qui est resté célèbre et que vous connaissez déjà grâce à "No Direction Home" et au "Bootleg Series Vol.4" (juste le meilleur concert de tous les temps, hein) et toute la fureur, la beauté et la tristesse de cette tournée mythique vous appartiendra. Soit en petit morceaux, soit en intégralité, il y a l'embarras du choix.
La prochaine fois : après le crash, Dylan récupère et prend le temps d'enregistrer à la campagne...