Les dégâts sur la santé et l'environnement provoqués par les nitrates d'origine agricole qui se sont accumulés dans la terre depuis une bonne cinquantaine d'années oblige le gouvernement, sous la pression de la Commission Européenne, à durcir enfin la réglementation pour renforcer la protection des eaux.
En France, environ 70% des nitrates contenus dans l'eau proviennent de l'utilisation de doses massives d'engrais azotés par les agriculteurs et de l'épandage des effluents d'élevage (lisier). Ils représentent la principale source de pollution des nappes phréatiques et de l'eau du robinet. Et, alors que la dose limite en nitrates fixée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est de 50 milligrammes par litres, ce seuil est souvent dépassé, ce qui rend l'eau du robinet impropre à la consommation dans de nombreuses régions.
En outre les nitrates provoquent un déséquilibre biologique des milieux aquatiques à l'origine notamment de la prolifération catastrophique des algues vertes.
Bien sûr le recours à cet engrais est parfois nécessaire dans l'agriculture. Mais les doses utilisées sont tellement importantes, même si elles ont diminué, que les plantes ne peuvent pas les absorber en totalité. L'excédent en nitrates a ainsi été évalué par le Ministère de l'Agriculture à plusieurs centaines de milliers de tonnes il y a une dizaine d'années. Ces nitrates se sont donc accumulés dans les sols. Et même si on arrêtait aujourd'hui de les utiliser il faudrait attendre une bonne trentaine d'années avant qu'ils ne soient éliminés.
Aujourd'hui les régions les plus touchées par cette pollution massive sont la Bretagne, la Champagne-Ardenne, le Centre, le Poitou-Charentes et l'Île-de-France.
Accélérer la réforme
Sous la pression de la Commission Européenne, le ministère de l'écologie et le ministère de l'agriculture, ont donc engagé depuis plusieurs mois une vaste réforme de l'application de la " Directive nitrates " de 1991, " afin d'améliorer la lisibilité, la cohérence territoriale et l'efficacité de son dispositif et ainsi de réduire encore les risques de pollution ". Les réformes sont axées d'une part sur le contenu des programmes d'actions nitrates et d'autre part sur le classement en zones vulnérables aux pollutions par les nitrates.
Elles porteront, notamment, sur l'obligation de couverture des sols à l'automne pour limiter les ruissellements des eaux de surface ; la mise en place de bandes enherbées le long des cours d'eau pour capter les nitrates avant qu'ils ne s'y déversent ; l'organisation des zonages plus cohérents avec la gestion des enjeux " eau et agriculture ", tels que les petites régions agricoles ou les bassins versants hydrographiques ; l'allongement des périodes d'interdiction d'épandage ; le relèvement des normes de rejets des vaches laitières ; le contrôle plus strict du respect de l'équilibre entre l'apport et les besoins en azote pour chaque parcelle ; la clarification des modalités de dimensionnement et de contrôle des capacités de stockage des effluents d'élevage ; la limitation des excédents d'azote à l'échelle de l'exploitation ; la transparence concernant les échanges d'effluents entre exploitations...
" L'ensemble de la réforme, sera mis en place progressivement à compter de mi 2012, et sera pleinement opérationnelle mi 2013 ", précise le ministère de l'écologie.
Il était temps. Mais les dégâts seront de toutes façons très difficiles à récupérer. Et il va falloir attendre de très, très, longues années avant d'espérer retrouver une situation normale.
Actuellement une consultation publique est en cours. Elle est ouverte jusqu'au 18 novembre. N'hésitez pas à y participer en utilisant l'adresse suivante :
[email protected]
Hervé de Malières