ces élections tunisiennes me paraissent si loin. Comme une lointaine fatigue musculaire, un lointain mal de dos... même si elles sont encore en cours puisque le nouveau gouvernement n'est pas encore formé, puisqu'il y a et y aura des recours... Mais ici, on est quand même loin de gros rush de la semaine dernière, et c'est tant mieux.
J'en aurais d'autres à vous raconter. D'autres Inside #TnElec vienderont.Mais un peu plus tard, peut-être, si le temps n'abime pas ces rapides et énergiques souvenirs. Aujourd'hui, je te propose donc un papier paru samedi dans le journal suisse Le Temps.
Neuf mois après la chute du régime Ben Ali, les Tunisiens ont choisi, à 41%, le parti islamiste Ennahdha comme majoritaire au sein de l’assemblée chargée d’écrire la nouvelle constitution du pays. Une partie des résultats est d’ores et déjà contestée, entraînant de nouvelles manifestations à Sfax, mais surtout à Sidi Bouzid.
Il est encore trop tôt pour parler de gestion mais Rached Ghannouchi, leader de ce parti, réclame aujourd’hui la tête d’un gouvernement de coalition. Avec 90 des 217 sièges de l’assemblée, Ennahdha a tiré son épingle du jeu électoral et doit aujourd’hui composer avec le CPR (30 sièges) et Etakatol (21 sièges), deux partis qui peuvent aujourd’hui se transformer en faiseurs de rois comme en tête de front anti islamiste.
Un gouvernement de coalition ?
Le nouveau gouvernement Tunisien devrait être formé dans une dizaine de jours, après les traditionnelles festivités de l’Aid, et c’est Hamadi Jbeli, secrétaire général du parti Ennahdha, qui est pressenti pour prendre la tête de ce nouveau gouvernement qui pourrait compter, selon les dires de M. Ghannouchi, plusieurs ministres issus de l’actuelle formation gouvernementale.
Moncef Marzouki, président du CPR a rencontré jeudi les représentants d’Ennahdha et d’Etakatol mais n’envisageait pas d’accord précis « Nous voulons faire partie d’un gouvernement de coalition, le plus large possible. » Sur le papier, le seul réel point de discorde entre Ennahdha et le reste de l’assemblée reste le type de gouvernance : M. Ghannouchi veut d’un régime parlementaire, en opposition à au régime mixte souhaité par la plupart des autres partis.
Nouvelles manifestations
Jeudi soir, après un temps d’accalmie, des manifestations ont repris à Sidi Bouzid. Les manifestants sont allés jusqu’à attaquer les locaux d’Ennahdha et brûler ceux du gouvernorat vendredi en journée. Cause de cette révolte ? L’invalidation des listes de l’homme d’affaires Hechmi Haadmi, leader du groupe « pétition populaire, » plébiscité par quelques 48 000 électeurs dans la ville dans laquelle la révolution tunisienne avait éclaté. Les habitants se sentent floué et demandent aujourd’hui à voter de nouveau.
Au niveau national, le parti de M.Hechmi Haadmi arrivait en quatrième position, remportant 19 sièges à l’assemblée constituante. Le résultat était contesté dans plusieurs circonscriptions pour quelques irrégularités, notamment le non-respect du silence électoral et des problèmes liés au financement de sa campagne.
Sur Al-Mustakilla, une chaîne de télévision émettant depuis l’Angleterre et dont il est propriétaire, l’homme d’affaire diffusait sa campagne électorale en continue. Ce riche natif de Sid Bouzid avait promis, entre autres, la gratuité totale des soins médicaux et une allocation de 200 dinars (NDLR : équivalent de 100 euros) pour chacun des 500 000 chômeurs de Tunisie.
Il a finalement décidé de retirer l’ensemble de ses listes : « La participation de la Pétition populaire n'a plus aucun sens, nous ne ferons aucun recours, nous nous retirons simplement de l'assemblée, » a-t-il déclaré hier, dénonçant « une violente campagne de dénigrement. » En effet, des bruits circulaient sur le fait qu’il aurait été très proche du gouvernement de l’ancien président, M. Ben Ali.
Le temps des recours
Comme annoncé par l’instance supérieure chargée d’organiser les élections (ISIE), les listes et partis ont 48 heures pour déposer recours et plaintes. L’ISIE aura ensuite 72 heures pour répondre à l’ensemble des demandes en s’appuyant à la fois sur le code électoral mais aussi sur le travail de terrain réalisé par les observateurs accrédités.