La Dame au linceul - Bram Stoker

Par Emmyne

" Là, sur la terrasse, dans la clarté lunaire maintenant plus intense, se tenait une femme vêtue d'un linceul trempé qui ruisselait sur le marbre, faisant une flaque qui s'écoulait lentement sur les marches mouillées. Son attitude et sa mise, les circonstances de notre rencontre, me donnèrent aussitôt à penser, même si elle se mouvait et parlait, qu'elle était morte. Elle était jeune et très belle, mais pâle, de la pâleur éteinte et grise des cadavres. "

- Actes Sud - Babel -

Le nom de Bram Stoker en couverture, ça vous pose sa créature d'outre-tombe et son château dans les Balkans.

La Dame au Linceul relève du parfait conte gothique dans lequel on retrouve l'émotion brute de la peur, le chevalier et la princesse en détresse, les majestueux élans de l'âme et du coeur, l'honneur et la morale toujours saufs; un conte aux origines du mythe vampirique cité explicitement, inscrit dans cette époque de passion pour l'occulte.

" Mon invitée présentait toutes les caractéristiques que la tradition ésotérique prête aux morts-vivants. Le vampire et le loup-garou en font partie, et également le doppelgänger, dont l'une des vies se déroule habituellement dans notre monde. Q'une âme désincarnée prenne possession d'un corps ou qu'un cadavre soit animé par quelques puissances surnaturelles, le résultat est toujours le même : une âme et un corps que rien de prédispose à l'être, se trouvent réunis pour servir des dessins innommables.

Après réflexion, si je procédais par élimination, je ne pouvais douter des troublantes correspondances entre mon aventure avec ma fascinante visiteuse et le mythe du vampire. "

Tout le mystère tient à cette Dame Blanche, son identité, sa nature - dévoilés au dernier chapitre - sur fond de menaces d'invasions turques. Un roman d'atmosphère, sombre, jouant sur le trouble et l'angoisse du doute, entre irrationnel et péripéties du plus pur romantisme dans la plus pure tradition du genre fantastique classique, aux pages d'anthologie pour l'esthétique des descriptions nocturnes des jardins pittoresques à " l'allure spectrale que leur conférait la lueur capricieuse de la lune ", pour la ténébreuse scène de noces. 

Un récit court, presque une longue nouvelle de moins de 180 pages, qui présente les mêmes choix narratifs que l'incomparable Dracula, son précieux style épistolaire, bien qu'il n'en possède pas la puissance, plus convenu de forme et de fond. Une lecture aussi plaisante qu'intéressante qui m'a surprise par sa date de publication : 1909, c'est-à-dire douze ans après celle du Dracula ( 1897 ). Je n'imaginais pas que Bram Stoker, que j'avais finalement enchaîné à son chef-d'oeuvre, ait écrit des textes, excellents certes, mais si conventionnels, après avoir tant apporté avec son célébrissime roman au mythe du vampire ainsi qu'à la littérature fantastique.

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Par soirée brumeuse, rien ne vaut la lecture d'un classique gothique enfouie dans un divan profond comme un tombeau. ( celle-là me vaudra l'Enfer -)

- Peinture de Sir Philip Burne-Jones qui inspira à R.Kipling le poème The Vampire -

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-  Participation au challenge Halloween organisé par Lou et Hilde -

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