Bon Iver je t'aime. Et pourtant je t'ai raté.
Oui je sais a priori ça n'a rien à voir avec la journée de samedi que j'ai passée au festival des Primeurs de Massy. Mais en fait si. Parce que ce soir là justement, le samedi 29 octobre, j'aurais dû assister au concert de Bon Iver. Qui devait initialement se tenir au Trianon. Et moi quand j'ai vu ça (il y a longtemps maintenant) je me suis dit que je ne pouvais pas le manquer. Obligé.
Et puis les places se sont tellement bien vendues que le concert a été déplacé. Ce concept, là, de bouger les concerts, permets moi de te dire que c'est une hérésie. Un scandale. Que si je pouvais CRIER là, ici, et bien je le ferais et ça serait pour te dire que ça devrait être interdit sauf nécessité absolue. Parce que passer du Trianon, salle intimiste qui va comme un gant à mon cher Bon Iver à la grande halle de la Villette, ça relève du crime de lèse-majesté.
Donc ce soir là, au lieu d'être à Paris, massée comme tout le monde dans le hangar à bestiaux (je déteste la grande Halle de la Villette, sans blague, le transfert ne pouvait pas être pire, j'y suis allée plusieurs fois et notamment là, pour un évènement que j'attendais avec une impatience hors du commun et ç'avait été la grosse déception déjà), je suis à Massy. Dit comme ça je conçois que ça n'envoie pas vraiment du rêve. Mais pourtant c'était grand.
Je ne refais pas le couplet sur tout ce qui fait que l'endroit en lui même (la salle Paul B.) est vraiment sympa, j'ai déjà tout écrit là. Mais je précise quand même que ce soir là j'ai testé les crêpes proposées sur place (je SAIS qu'il y a des gens que ça intéresse de faire un point sur la restauration locale) et je suis bien obligée d'avouer que j'ai été un peu déçue. Parce qu'en fait elles sont préparées à l'avance et réchauffées sur une plaque vraisemblablement trop chaude qui les sèche un peu. Oui j'aime la crêpe souple. Chacun son truc. Mais enfin le garçon qui a préparé la mienne ce soir là était joli alors ça va.
Nadéah, toujours aussi divine, aux Primeurs de Massy, samedi
La soirée a commencé avec Nadéah, toujours aussi belle, toujours aussi dynamique, toujours aussi douée. Son jeu de scène est saisissant, elle utilise chaque seconde pour rendre le moment vivant, pour partager avec ceux qui sont venus l'écouter.
Explosive sur scène, elle surprend encore puisque de nouveaux morceaux, inédits, sont présentés ce soir. Toujours aussi bon (rappelle toi tu peux retrouver son interview là et la chronique de son concert au divan du monde ici mais elle est un peu partout chez moi).
Ensuite c'est James Vincent Mac Morrow. J'appréhende un peu. Parce que je suis complètement dingue de son album. Mais que lors de son dernier concert au café de la danse (auquel je n'ai pas pu assister), tous ceux qui y étaient et qui partagent mes goûts musicaux habituellement m'ont dit en être ressortis affreusement déçus. Que c'était mou. Qu'ils avaient l'impression qu'il n'était pas prêt, que ça n'allait pas avec ses musiciens enfin que c'était plutôt mauvais. Hard à entendre. Mais j'avoue que sur le moment ça m'avait un tout petit peu rassurée ("donc c'est pas trop grave de l'avoir raté" m'étais-je dit). Oui mais voilà. Là avant d'entrer on m'informe qu'en fait ce soir là, c'était particulier. Il était tout jet laggé (j'ai comme un doute sur l'orthographe et je sais pas si c'est le passage à l'heure d'hiver ou quoi, j'arrive pas à trouver la façon correcte d'écrire ça...). Il débarquait. N'avait pas bien eu le temps de faire les balances. Pauvre ange. Tout s'explique alors. J'apprends d'ailleurs qu'après il a donné un autre concert (j'ai oublié où mais au fond on s'en fiche un peu n'est ce pas) et que c'était superbe. Je table tout sur le fait que ce soir à Massy, ça sera grand. Et ça l'a été.
Seul sur scène (je n'ai pas peur de répéter que j'ai un IMMENSE respect pour tous ceux qui osent affronter le public en solo) il joue ses morceaux avec ferveur. Bon, il y a sa voix. Moi j'y suis complètement accro. Tu peux l'écouter par exemple là. En fait il pourrait chanter les textes qu'il veut je crois que ça m'importerait peu. La tonalité de sa voix, son grain, les arrangements sur lesquels elle se pose, tout ceci touche au sublime. Et là seul sur scène c'était magique. Dépouillé et pourtant magique. C'est ça.
Quand il a repris le "Wicked Game" de Chris Isaak c'est bien simple j'ai senti les larmes monter. Bouleversée.
Ensuite il a expliqué qu'il avait un problème de retour si j'ai bien compris et que du coup il allait jouer les trois derniers morceaux complètement unplugged. Là, une bonne partie du public a déserté. N'importe quoi. C'est à cet instant précis que c'est devenu grandiose. Lui, tout seul, complètement au bord de la scène. Sa voix, non amplifiée, qu'il a poussée loin. C'était incroyablement beau. Difficile de revenir sur terre quand les lumières se rallument.
Une pause s'impose. Je ne vais pas écouter Slow Joe and the Ginger Accident. Donc je m'abstiens de tout commentaire. Forcément.
Puis c'est le tour du Prince Miaou de jouer. Elle est blonde. Déjà c'est un point positif (ça va, c'est pour rire). Les tout premiers morceaux me plaisent mais j'ai du mal à "rentrer dedans". Il faut dire que je suis encore bien haut, avec James Vincent Mac Morrow et que j'ai du mal à atterrir. Et puis ça vient. Je me sens emportée. Je ne me souviens pas d'un évènement particulier qui ait déclenché ça. A un moment je bascule et je trouve ça vraiment fort. Les rythmiques puissantes me font vibrer, la voix amplifie l'émotion, je fonds. Jusque là j'avais écouté un peu. J'avais trouvé ça plutôt bien mais j'étais restée loin de l'impression que rend le live de l'artiste. Jolie surprise.
Et puis pour clore la dernière soirée de ce festival c'est True Live qui est en scène. Je crois que quelque soient les mots que je vais choisir d'aligner ici, rien ne pourra rendre hommage à leur live. Pour les avoir déjà souvent écoutés et avoir visionné pas mal de leurs vidéos aussi, je savais que j'allais être emballée. Là ça a simplement dépassé tout ce que j'avais pu espérer.
Si le frontman pose sa voix sur les morceaux et occupe le devant de la scène la plupart du temps, tous les instruments présents à ses cotés auront leur propre petit moment réservé. L'occasion d'une présentation et d'un solo prolongé (à chaque fois, de toute beauté) de chacun, équilibrant les applaudissements et le mérite associé à la prestation. D'une rare élégance.
Le répertoire de True Live prend corps sur scène d'une façon sidérante. Du concentré d'énergie mêlant hip-hop et pop tout court renouvelant le classique guitare/basse/voix en y ajoutant un trio violon/violoncelle/contrebasse. C'est, comme son nom l'indique, sur scène que le groupe se livre pleinement. A voir ABSOLUMENT.
Je réalise à l'instant que je n'ai pas évoqué les boucles du chanteur. Admirables. Rien à ajouter. J'ai admiré.
Voilà après il y avait l'after des primeurs qui a dû durer jusqu'au bout de la nuit. Moi j'ai jeté l'éponge à la fin du concert de True Live il était déjà plus d'une heure du mat', je tenais à peine debout et il me fallait encore rentrer...
Motivée pour y retourner l'année prochaine en tout cas.