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Le nom des gens, de Michel Leclerc

Publié le 30 octobre 2011 par Vivons_curieux

Le nom des gens, de Michel LeclercDifficile de ne pas se casser les dents lorsque l’on s’attaque à des questions aussi complexes et épineuses que la politique, l’identité ou encore le communautarisme tant ces thèmes sont des sujets à controverse. Parce que l’origine sociale, familiale et culturelle d’un individu est une agrégation difficile à comprendre, l’aborder sous le prisme de la comédie relève souvent de la gageure. Sur de tels thèmes, il est nécessaire de savoir faire preuve d’une grande finesse d’esprit si l’on veut éviter les poncifs et les caricatures en tout genre. Pour réaliser son deuxième long-métrage (J’invente rien, 2006), Michel Leclerc ne semble pas s’être posé toutes ces questions au préalable. Avec l’aide de la scénariste Baya Kasmi, il signe ici une comédie politico-sentimentale largement inspirée de leur histoire personnelle dont la vacuité du scénario est particulièrement criante.

Le Nom des gens raconte l’histoire de Bahia Benmahmoud (Sara Forestier), une jeune femme extravertie, politiquement engagée à gauche, qui passe son temps à coucher avec des hommes de droite pour les convertir à sa cause. Le jour où elle rencontre Arthur Martin (Jacques Gamblin), quadragénaire psycho-rigide, discret et adepte du principe de précaution qu’il n’hésite pas à appliquer à la moindre situation, Bahia est convaincue qu’avec un nom aussi franchouillard cet homme est forcément de droite, donc facho. Mais sous les apparences trompeuses, se cache un homme sensible au passé douloureux qui ne laissera pas la jeune femme indifférente.

Des interminables descriptions biographiques de chaque personnage à l’exubérance et le manichéisme assumés de Bahia Benmahmoud qui finissent par agacer, le second long-métrage de Michel Leclerc est une succession de clichés où chacun porte une étiquette bien définie : le père algérien, travailleur et stakhanoviste ; la mère bourgeoise qui rejette son milieu social d’origine ; la belle-mère juive qui n’arrive pas à panser les plaies de son passé ou encore le beau-père ancien militaire pendant la guerre d’Algérie. Le film mélange maladroitement religion, politique et histoire personnelle en faisant des raccourcis douteux, sans insister davantage sur la psychologie des personnages. L’histoire qui relie la France à l’Algérie est un sujet si sensible dans notre pays qu’il se doit d’être traité avec précaution et subtilité, particulièrement quand il s’agit d’humour, au risque de froisser certaines susceptibilités. Car comme le disait si bien Desproges, « on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui ».

En voulant dénoncer par l’humour les différents communautarismes dans notre société et les étiquettes qu’on leur colle, Le nom des gens se tire une balle dans le pied en se faisant piéger à son propre jeu, celui de terminer par une autre forme de communautarisme, non plus fondé sur l’origine sociale mais familiale, celle du couple et de la maternité.

Sortie en salles le 24 novembre 2010


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