C'est une idée récurrente qui pourrait bien devenir réalité prochainement : un arbitrage video pour les matchs de rugby, intervenant sur une période plus large que celle actuellement en vigueur. C'est la proposition formulée par Paddy O'Brien, le patron de l'arbitrage à l'IRB.
A l'heure actuelle, l'arbitrage video se limite à l'en-but. En cas de doute sur une action d'essai, l'abitre de champ peut demander à son collègue placé dans un local de visionnage s'il y a ou non touché à terre ou en but.
Ce que propose Monsieur O'Brien consisterait à autoriser l'arbitre video à donner son avis sur la régularité de l'action entière qui débouche sur un essai. En d'autres termes, l'arbitre video pourrait intervenir de sa propre initiative pour signaler à l'arbitre de champ une faute, un pied en touche ou un en-avant survenus avant que l'essai soit inscrit. Le patron des arbitres suggère que ce dispositif puisse être appliqué à titre expérimental dans une compétition majeure de chaque hémisphère. On pense bien sûr au Tri Nations et au Tournoi des six nations.
Il n'est pas certain que cette proposition soit adoptée. Et pour tout dire, il est possible d'estimer qu'elle constitue une fausse bonne idée. Sur le papier, elle présente plusieurs avantages, dont celui de faire taire les critiques qui, à juste titre, trouvent paradoxal de s'assurer par la video qu'un essai a bien été inscrit alors que l'ensemble du stade aura vu préalablement un grossier en-avant de passe. Cette situation n'est pas rare, et elle provoque frustration et incompréhension.
Pour autant, une telle mesure aurait également pour conséquence de hacher le jeu un peu plus (s'il faut revoir toute l'action à la demande de l'arbitre, le délai moyen de visionnage dépassera certainement très largement celui constaté actuellement). D'autant que les arbitres, déjà frileux sur les essais - ils demandent presque systématiquement la video désormais, ne manqueront pas d'user (voir abuser) de cette possibilité. Sauf à laisser l'initiative au seul arbitre video. Un homme seul, absent du terrain, tributaire des images que le diffuseur lui offre, pourrait décider - ou pas - de signaler une faute. Est-il vraiment acceptable de couper le lien entre l'arbitre et le terrain ? On n'en est pas convaincu.
De surcroît, il conviendrait de définir ce qu'on entend par "action ayant conduit à l'essai". A l'heure actuelle, les choses sont certes imparfaites mais justes : le critère est "géographique" puisque seul la zone d'en-but compte. En intégrant une dimension temporelle ("l'action d'essai"), on introduit un flou préjudiciable et sujet à caution. Bref, pas de quoi éteindre les éventuelles polémiques.
La recherche du "zéro défaut" arbitral pourrait conduire, à terme, à une couverture video totale. Cette perspective n'est évidemment pas à l'ordre du jour. Mais elle constitue une éventualité à laquelle la proposition de Monsieur O'Brien nous prépare.