Une rivalité acrimonieuse
La peur de se présenter dans un stade adverse vêtu du gilet de l’adversaire est grandement exagérée. Je suis moi-même allé à Pittsburgh vêtu du orange et noir tigré en 2006 au plus fort de la rivalité et tout s’est magnifiquement bien passé. Je n’ai aucun incident impliquant d’autres spectateurs à signaler chaque fois que j’ai eu la chance de voir un match de la NFL en personne non plus. Ceci étant dit, je ne serais pas assez brave (ou fou) pour me pointer au Lincoln Financial Field en arborant le maillot étoilé dimanche soir. Dallas contre Philly, ça tend à faire sortir les pulsions agressives du bon peuple!!
Parmi les épisodes mémorables de cette rivalité, il y a celui du Bounty Bowl en 1989, la première campagne de Jimmy Johnson à Dallas. Subissant un embarrassant blanchissage aux mains des Aigles en pleine Thanksgiving, Johnson accusa son opposant Buddy Ryan d’avoir mis une prime pour blesser le QB Troy Aikman ainsi que son botteur (un bounty sur un kicker!!!!) Johnson le phrasa en ces termes après la partie : « I would have said something to Buddy, but he wouldn't stand on the field long enough. He put his big, fat rear end into the dressing room. » Doté du sens de la répartie qu’on reconnaît aujourd’hui à ses fils, Bobby Ryan avait répondu : « I resent that. I've been on a diet, lost a couple of pounds. I thought I was looking good. »
Les fans de Philadelphie ne sont pas dotés du même humour et 2 petites semaines plus tard, les rivaux s’affrontaient de nouveau, cette fois dans la ville qui hue le Père Noël. Une tempête de neige avait frappé la région et la neige n’était pas ramassée. Les toujours civilisés amateurs de Philadelphie s’en était donnés à cœur joie, visant de leurs mottes de neige et de glace les joueurs des Cowboys, les commentateurs dans la cabine de télé (le descripteur Verne Lundquist dira d’ailleurs en ondes qu’un traitement de canal subi quelques jours avant le match fut plus agréable que la description de la partie!), et même un joueur de l’équipe locale qui les enjoignait à un peu de civisme. Même le gouverneur actuel de l’état de la Pennsylvanie fut surpris projectiles à la main. Imaginez la scène : c’est comme si Jean Charest allait au Centre Bell pour garrocher une crécelle sur Chara! Savez-vous quoi, finalement j’aime l’idée!!
Les partisans des Aigles ont de nouveau eu l’occasion de montrer leur grand manque de classe en applaudissant en dérision le WR étoile des Cowboys Michael Irvin qui a subi une grave blessure à la moelle épinière qui mit un terme à sa carrière sur le terrain des Eagles.
Plus récemment, c’est le controversé Terrel Owens qui a alimenté la rivalité. D’abord en portant du vert, c’est aux mains des Cowboys qu’il subit une sérieuse blessure l’année de la participation au Super Bowl. C’est Roy Williams qui effectua le plaqué salaud qui a forcé la ligue à interdire le Horse-Collar Tackle par règlement. On se rappelle que contre toute attente, le # 81 participa et excella au Grand Match. Sauf que les choses se gâtèrent largement par la suite et Owens fut congédié avant de se retrouver à Dallas. Entre temps, il a fut transporté à l’hôpital pour une OD, une overdose de pilules ayant toutes les apparences d’une tentative de suicide. A son retour en Pennsylvanie, il y avait plein de psychologues pour l’aider!!
Expert en la matière, Steve Sabol de NFL Films a rassemblé quelques-uns de ces moments trop intenses il y a quelques temps.
Dernièrement, le « stuff de junior » a cédé le pas à d’importantes batailles pour participer aux séries lors des affrontements entre les 2 ennemis. Le rendez-vous de dimanche s’inscrit dans la continuité de cette tendance et aura un impact majeur sur l’allure qu’aura la NFC Est d’ici la fin de la saison.
Des nouvelles du collège
- D’abord, mettez-vous à jour dans votre suivi avec le top-25 de l’Associated Press. Évidemment, il fut compilé avant les parties du week-end.
- Ça brasse dans la NCAA, et comme c’est une malheureuse habitude depuis quelques temps, l’action est autant à l’extérieur du terrain que sur celui-ci. La dernière controverse en liste provient de l’équipe # 1 au pays, les Tigers le LSU qui ont suspendu de leur propre chef 3 joueurs importants pour ce qui serait un échec à un contrôle anti-dopage. Heureux hasard (!!), la suspension prend fin juste à temps pour le méga-duel contre Alabama (#2) la semaine prochaine.
Justement, parlons-en de ce duel. Il aura lieu le 5 novembre prochain et puisqu’il implique les 2 équipes les mieux classées du pays, il est évident qu’il aura un impact majeur sur le championnat national. Bref historique de la rivalité entre ces 2 états du sud profond ici tandis que les forces en présence sont évaluées ici. Chose certaine, avec des billets déjà affichés à 5000 $ sur les sites de revente et plus de 700 médias accrédités pour couvrir l’affrontement, on peut déjà affirmer cette partie génère énormément d’intérêt. Les intéressés pourront syntoniser CBS samedi soir prochain.
- Hier dans le Big Ten comprenant 12 équipes, mais qui est différent du Big 12 (???), les Cornhuskers du Nebraska ont annihilé les Spartans de Michigan State. Trois équipes (Nebraska, Michigan State et Michigan) de la division la plus forte de la conférence ont maintenant des fiches identiques et bien malin qui peut prédire laquelle se rendra à la partie de championnat de la conférence. Le portrait est plus limpide dans l’autre division alors que les Nittany Lions de Penn State ont poursuivi leur surprenante saison en prenant la mesure d’Illinois grâce à un TD dans la dernière minute du match. Remportant la 409e victoire de sa carrière, le vénérable Joe Paterno devient ainsi l’entraîneur le plus victorieux de l’histoire de la NCAA. En passant, chronique météo, allez regarder les premières photos dans l’article lié ci-haut…. Vous verrez que l’hiver s’en vient!
- Andrew Luck reçoit beaucoup de publicité en tant que future vedette de la NFL, mais le QB Landry Jones d’Oklahoma mérite aussi votre attention. Hier, il a lancé 5 passes de touché pour éclipser un certain Sam Bradford dans le prestigieux livre des records d’Oklahoma à titre de QB qui a lancé le plus de TD en une saison. Oklahoma (#9) s’est assuré que Kansas State (#8) se souvienne de sa première défaite de l’année, les pulvérisant 58-17.
- La performance d’hier de Jones pourrait améliorer son sort dans la course au trophée Heisman, mais présentement, le RB d’Alabama Trent Richardson fait figure de favori. S’il se concrétise, son sacre serait un second en 3 ans pour un porteur du Crimson Tide (Mark Ingram – 2009). Les QB Andrew Luck et Robert Griffin sont ses plus proches poursuivants.
- Retour vers les scandales pour souligner une entrevue intéressante de la Presse avec l’historien Taylor Branch qui accuse la NCAA d’être un cartel. Lourde de sens, l’accusation se base sur le fait que tout le monde se graisse joliment la patte dans la NCAA, à l’exception des joueurs tenus à la pauvreté par des règles ultra-strictes, une situation que Branch assimile à de l’exploitation. J’ai un peu tendance à être d’accord avec le monsieur et la NCAA a ouvert un peu la porte à une meilleure rémunération des joueurs. Il faut dire que l’article fleuve de Branch dans la revue the Atlantic à fait un tabac au sud de la frontière, surtout en cette ère d’austérité.
- Du côté québécois, la saison régulière a pris fin hier et les éliminatoires débuteront la semaine prochaine. En dominant les Carabins au CEPSUM hier, le Vert et Or de Sherbrooke a mérité le droit de disputer un premier match des séries sur les flancs du Mont Bellevue depuis la renaissance du programme. L’UdeM sera alors en visite et tentera de prendre sa revanche, tandis que dans l’autre demie-finale québécoise, Concordia se rendra au PEPS de l’université Laval. Vous pourrez suivre ça sur Victoire et Or, Allez les Bleus et Rouge et Or Mania. Go Sherbrooke Go!!!
Bilan de mi-saison : les déceptions
Nous voici presque à mi-chemin du calendrier NFL. La tailgate de la semaine prochaine sera consacré à un bilan de mi-saison de chaque équipe du circuit Goodell, mais on déborde un peu dans la chronique de cette semaine pour parler des joueurs qui déçoivent depuis le début des hostilités. Voici donc les 5 plus grandes déceptions des ces premières semaines d’activités.
5 ) Mike Williams : Après une entrée fracassante dans le circuit l’an dernier, plusieurs voyaient le WR et ses jeunes Bucs exploser cette saison. Or, Williams déçoit lui qui n’a amassé que 317 verges en 7 rencontres. Surtout, il n’a franchi la ligne des buts qu’à une reprise cet automne alors qu’il l’avait fait 11 fois l’an dernier. Son meilleur match en fut un de 75 verges et sa plus longue attrapée en fut une de 23 verges. A l’image de son équipe, il prend un pas de recul cette saison.
4 ) Kevin Kolb : Lorsque tu donnes 63,5 millions de billets verts à quelqu’un, tu as certaines attentes. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Kolb ne les remplit pas pour l’instant. 21e du football avec 7 passes de TD, il se classe beaucoup mieux au niveau des interceptions (7 pour le 9e rang), ce qui n’est pas une bonne nouvelle. Il n’est que 25e au niveau du QB rating et surtout, il ne gagne pas. La puissance de son bras a toujours été suspecte et voilà qu’on questionne maintenant sa précision. Ouch.
3) Nnamdi Asomugha : Le CB est ici pointé du doigt pour l’ensemble de la performance défensive des Aigles, mais c’est ce qui arrive quand tu es la figure de proue d’une unité qui suscitait des attentes si élevées. Asomugha n’a pas eu l’impact souhaité dans la ville de l’amour fraternel et la saison est déjà proche de la perdition. Évidemment des linebackers de qualité aideraient davantage la cause, mais on ne peut pas dire que le jeu de la tertiaire tout étoile est à la hauteur non plus.
2 ) Jim Caldwell : Je sais, je sais, Caldwell ne joue pas. Je sais, je sais, à le regarder au bord du terrain, c’est possible que Caldwell ne soit même pas vivant. Jacques Martin à l’air de Gregory Charles en comparaison. Mais voilà, si tous savaient que la perte de Manning allait faire très mal aux Colts, personne ne pensait qu’ils allaient être aussi mauvais. A part la semaine passée, les joueurs compétitionnent, mais il y avait là une occasion pour un bon coach de se démarquer, d’innover, d’adapter son plan de match. Caldwell n’a rien fait de tout cela et ça lui coûtera fort probablement son poste.
1 ) Chris Johnson : Depuis sa saison magique de 2009, le gars s’assure de manquer les camps d’entraînement sous prétexte de quémander plus d’argent. Maintenant qu’il est le RB le mieux payé du football, peut être faudrait-il commencer en à redonner sur le terrain! Johnson n’a qu’un match de 100 verges jusqu’ici et n’est que 32e pour les verges accumulés. Il a blâmé tout le monde sauf lui-même pour cette situation, mais un petit examen de conscience est dû.
Les 5 plus belles surprises jusqu’à maintenant seront révélées dans la Tailgate de la semaine prochaine.
La question de la semaine :
Patriots et Steelers s’affronteront dans le gros match du week-end. La table ronde en a parlé abondamment, mais ma question concerne les Steelers. Que valent-ils? La performance pitoyable des Ravens lundi soir a ravivé les doutes sur les corbeaux, mais qu’en est-il de leurs éternels rivaux de l’AFC Nord? Oh, Pittsburgh aura un bon classement à la fin de la saison. Des affrontements encore à venir contre les Chiefs, les Rams, les Browns (2 fois) et les Bengals (2 fois) garantissent cela. Mais malgré un dossier de 5 victoires 2 défaites, la fiche cumulée des adversaires qu’ils ont vaincus est de 8-24. Cette opposition de piètre qualité explique aussi le haut rang d’une défensive qui fut malmenée lorsque l’adversaire disposait des armes pour le faire. Les seules fois où ils ont affronté de l’opposition de calibre (Houston et Baltimore), les Steelers sont repartis la queue entre les 2 jambes. Donc ma question est : les finalistes du Super Bowl font –ils partie des ténors de la NFL cette saison ou est-ce que leur classement actuel est de la frime?