Magazine Cinéma
dimanche 30 octobre 2011
J’attendais depuis longtemps qu’un cinéaste relève le défi de faire un film muet, c’est une forme de cinéma qui a disparu pour des raisons techniques et parce que le public s’en est détourné le considérant comme obsolète. C’est bien dommage car c’est une forme d’expression cinématographique bien à part qui mérite qu’on l’utilise encore.
C’est donc avec impatience et appréhension que je suis allé le voir. Appréhension car je craignais que les acteurs exagèrent, fassent la grimace pour faire passer leurs émotions. Passé les premiers énervements de quelques spectateurs qui faisaient des commentaires à voix haute – c’est un muet, ce n’est donc pas grave pensaient-ils – j’ai d’abord apprécié le format 4/3 lui aussi abandonné pour des raisons commerciales (la télévision concurrençait le cinéma et pour attirer toujours les spectateurs, Hollywood a crée l’écran large), du côté des expressions j’ai trouvé les premiers sourires de Jean Dujardin un peu trop forcés, je les trouve drôle dans la série des OSS 117, moins ici. Mais en fait, c’est surtout la musique qui m’a gêné, je l’ai trouvé en contrepoint et surtout beaucoup trop forte par moments. Je me suis alors rappelé que Chaplin écrivait la musique de ces films et c’est cet assemblage de la musique et de la pantomime qui fait de tous ces films des chefs-d’œuvre.
Autre gêne, les personnages parlent trop, je veux dire que les dialogues où l’on voit les lèvres des acteurs bouger sont un peu trop nombreuses. L’art du muet, c’est justement de trouver une autre manière de communiquer pas de meubler des scènes avec des personnages parlant dans le vide entrecoupées de longs intertitres (heureusement fort peu nombreux dans ce film).
Côté esthétique, pas grand-chose à dire, il y a une tentative de plan géométrique lors de la scène dans l’escalier des studios de cinéma, quelques reflets intéressants, c’est à peu près tout.
Alors, verdict ? Une belle tentative, plutôt réussie, mêlant le comique (grâce au chien notamment) et le dramatique ne tombant pas dans l’écueil des intertitres à foison ni de mimiques des acteurs qui s’en sortent plutôt bien même si je pense qu’un acteur de parlant n’est pas adapté à cette forme de cinéma, il faut d’abord maîtriser la pantomime pour exceller dans cet art. Enfin, un mauvais point pour la musique qui gâche un peu ce film mais trois étoiles quand même, c’est peut-être mon amour pour le muet qui me rend si indulgent…
Ah, j’oubliais une erreur historique qui m’a énervée : le film évoque les débuts du parlant en 1929, or le premier film parlant de l’histoire (très beau d’ailleurs), c’est « Chanteur de Jazz » qui est sorti en 1927 et non en 1929.