Là-bas, je contracté le syndrome du « je veux m’installer à Montréal ». Il y règne une telle douceur de vivre, les locaux sont tellement gentils. Je ne verse pas dans la mièvrerie, ça n’est pas mon genre. Mais je vous assure, la gentillesse des autochtones n’est pas un mythe. Elle est réelle. La caissière te dit allô* te tutoie et te demande comment elle pourrait soulager son poignet foulé. Et quand tu n’es pas trop farouche, elle te demande si « tu aimes la place* ? »
Il suffit de me faire boire et fumer et je parle couramment l’écureuil.
Mon amie, pour sa part, rêvait de croiser un raton-laveur. Elle est rentrée en France, déçue, inconsolable.
Oui. Car je m’amuse régulièrement à déclarer que je n’aime pas les enfants. Sauf ceux qui jouent à me surprendre comme m’a surpris une des jumelles de mes amis.
Un matin, attriqué comme la chienne à Jacques*, attablé devant l’ordinateur au sous-sol, seul avec mon café, je tweetais mon enthousiasme pour Montréal et les Montréalais. Je n’étais pas encore rentré en France que je m’injectais déjà une dose d’internet. Jetant alors un regard autour de moi, je vis un petit bout de chou de 4 ans, planté au pied de l’escalier, qui m’observait. Je n’eus pas eu le temps de lui lancer « tu es déjà levé ma belle ? » qu’elle me dit tout-à-trac : « tu es magnifique. »
Ne vous étonnez donc pas que ces vacances m’aient enchanté.
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* Allô : salut – La place : l’endroit – SAQ : magasins vendant vins et spiritueux – Dépanneur : épicerie – Placoter : bavarder – Bixi : le Vélib’ montréalais – Poutine : frites avec sauce et fromage – Crouser : draguer – Attriqué (ou habillé, arrangé) comme la chienne à Jacques : mal fagoté – Paqueté : saoul
(Préambule: j'étais paqueté* dans l'avion m'emmenant à Montréal)