Quand les communistes chinois donne des leçons de mondialisation à la France via l’organe officiel du parti communiste chinois, le Quotidien du Peuple.
Des étudiants étrangers de la nouvelle promotion 2011-2013 du master Cimet de l’université Jean-Monnet (photo Yannick Perrin).
Ce n’est pas à l’élite immigrée intellectuelle de prendre les médicaments susceptibles de guérir les maux de la société française
Le 31 mai est une date mémorable dans l’histoire de la réforme de la politique d’immigration en France, car l’« Association du 31 mai », qui a été fondée par la suite, regroupe l’élite intellectuelle des étudiants étrangers, mécontents et indignés, diplômés de plusieurs des meilleurs et des plus fameux instituts universitaires de la France, c’est-à-dire les « Grandes Écoles » qui sont considérées comme l’orgueil de l’enseignement supérieur français. Avec le soutien de la CPU (Conférence des Présidents d’Universités), l’Association en question a publié une déclaration dans laquelle elle demande en termes formels et énergiques au gouvernement français d’annuler la circulaire du 31 mai 2011, publié conjointement par le Ministère de l’Intérieur et le Ministère du Travail, laquelle circulaire restreint la possibilité pour les étudiants étrangers de changer de statut et d’obtenir une autorisation de travail après leur diplôme. Il est indiqué dans la déclaration de protestation que depuis l’application il y a plusieurs mois de la circulaire en question, ceux des étudiants étrangers qui ont pu recevoir une lettre de recrutement ou d’engagement se sont vus refuser le permis de travail, ce qui fait qu’ils sont maintenant sous la menace d’une expulsion du territoire français. Un grand nombre d’étudiants chinois figurent parmi cette élite intellectuelle qui lutte pour son intégration dans la société française.
Ces derniers temps aux États-Unis, les parlementaires démocrates et républicains s’agitent et se démènent tout comme leurs collègues français pour essayer de réviser la politique d’immigration américaine, mais dans le sens inverse et tout le contraire de la circulaire française..
Au début, ce sont les Républicains qui proposent au Congrès la révision de la politique d’immigration afin que les étudiants étrangers ayant une instruction élevée et possédant des connaissances larges et approfondies puissent obtenir plus facilement la carte de résidence permanente, ce afin de pouvoir stocker aux États-Unis le plus grand nombre de personnes hautement qualifiées et hautement compétentes. Cette proposition répond entièrement à la politique avancée en mai dernier par la Maison Blanche, à savoir « Il est important que notre pays offre une carte verte (carte de résidence permanente) à chacun des étudiants étrangers ayant obtenu le doctorat en sciences technologiques et en mathématiques, de même qu’aux titulaires de la maîtrise qui se comportent de façon remarquable et exemplaire, ce afin qu’ils puissent apporter leur contribution au développement économique américaine et devenir par la suite des Américains. »
Et avec l’afflux aux États-Unis d’investisseurs et de touristes venus de la Chine, les parlementaires républicains et démocrates formulent conjointement la proposition suivante : il sera proposé d’accorder aux Chinois le visa aller-retour multiple valable pour une durée de cinq ans.
Chacun de ces deux pays est un pays développé qui souffre actuellement de la crise économique et qui fait face à un taux de chômage élevé, mais pourquoi leur réponse est tout à fait différente devant la question à savoir comment protéger les « intérêts d’État » ? Et tout particulièrement quant au traitement réservé aux immigrés, et surtout aux immigrés professionnels qualifiés. Les Américains pensent à réserver un bon accueil aux personnes compétentes et qualifiées afin qu’ils puissent apporter leur contribution au pays, tandis que les Français souhaitent chasser les gens compétents et talentueux qui constituent une menace pour leurs compatriotes. Dans le contexte actuel de la mondialisation, il est impossible d’expliquer cette façon d’agir en avançant l’idée de savoir si c’est un « pays d’immigration ». En réalité, les deux façons d’agir, l’une en accueillant chaleureusement, l’autre en repoussant avec indifférence, reflètent de fait deux idées et deux opinions complètement différentes quant à la « valeur des immigrants », et c’est de là justement que les deux pays ont choisi et appliquent chacun de son côté une politique d’immigration entièrement et absolument différente l’une de l’autre.
Dans notre monde actuel, le « problème d’immigration » existe dans tous les pays développés, mais seulement à des degrés différents. Pour régler ce problème-là, les États-Unis adoptent une attitude et une position qui semblent plutôt simples, claires et nettes : bon accueil à ceux dont ils ont besoins et entrée interdite à ceux qui sont inutiles. Comme il est parlé ci-dessus, les Américains, qui sont réalistes et pragmatiques, appliquent une politique d’immigration qu’ils réajustent en tenant compte de la situation réelle.
En France c’est le contraire qui se passe et le règlement du problème est beaucoup plus difficile et plus complexe. Au cours des deux décennies écoulées, la gauche et la droite se succèdent dans le pays et lorsque l’une tient le pouvoir l’autre est dans l’opposition, et vice versa. Pour ce qui est de l’attitude et la position envers les immigrés, il n’est pas tenu compte de la « base économique », mais plutôt de l’ « idéologie », ce n’est pas la valeur économique qui est tellement prise en considération, car on accorde plus d’importance à la « valeur politique ». En appliquant la politique d’immigration, que ce soit la droite ou bien la gauche, chacune d’elle s’en tient à son idéologie, c’est pourquoi parfois c’est plus souple et plus détendue, et parfois plus ferme et plus raide, et c’est sans cesse des flux et des reflux. La politique « souple » appliquée par la gauche a pour but de montrer son insistance pour « liberté, égalité et fraternité », tandis que la politique « dure et rigide » préconisée par la droite indique son désir d’ « accorder la priorité aux Français ». Que ce soit vu du côté du parti au pouvoir ou bien du côté du parti à l’opposition, la position de la droite ou de la gauche semble plutôt floue et imprécise et souvent, aux moments des élections, le problème d’immigration devient une carte que la droite ou la gauche joue et utilise chacune de son côté, tandis que la politique proposée par les deux parties opposées ne tient pas tellement compte des « intérêts de l’État » qui devaient être considérés comme une question d’importance majeure. Lorsque la « souplesse » est insistée, il semble qu’on peut accueillir tous les « malheureux » du monde entier, et quand on préconise la « dureté » et la « rigidité », il se peut qu’on déverse l’eau de la cuve avec l’enfant qui est dedans. Pour ce qui est de la politique française d’immigration, il lui manque deux mots : le réalisme et le pragmatisme. En France, aucun homme politique, qu’il soit de la gauche ou bien de la droite, ose parler ouvertement et d’un ton assuré de la valeur importante des immigrés pour le développement économique du pays.
Ce qui fait qu’à la longue si cet état de choses se poursuit dans le pays, les Français continueront à considérer les immigrés comme des « fardeaux » qui alourdissent les charges du pays en grignotant sans cesse le « bien-être social » et ceux-ci deviennent ainsi des « adversaires acharnés » qui dévalisent les Français en leur arrachant emploi et gagne-pain. Par conséquent il est créé en France un environnement où l’ensemble des Français se sent capable de vivre en paix et en bonne intelligence avec la population immigrée lorsque tout se passe bien, mais incapables de surmonter avec eux les difficultés, les adversités et les malheurs. Lorsque l’économie se développe normalement, la bonne intelligence règne. Mais si des problèmes et la crise surviennent et que la société « tombe malade », ce sont alors les immigrés qui sont obligés les premiers à « prendre des médicaments », car on les considère comme des pestiférés.
Suite à la venue au pouvoir de Nicolas Sarkozy, il est appliqué une nouvelle politique préconisant « l’immigration choisie » en trois points : primo, souplesse d’entrée aux personnes capables, compétentes et talentueuses ; secundo, refus d’accès aux gens incapables et inutiles ; tertio, expulsion des immigrés illégaux qui renvoyés dans leur pays respectif. Ainsi, l’esprit du pragmatisme et les « intérêts d’État » apparaissent de façon de plus en plus nette et distincte dans les grandes lignes de la politique française d’immigration Quant aux trois points de l’immigration choisie, les deux derniers sont appliqués de façon consciencieuse ces dernières années, alors que pour le premier qui est le plus important, il y a déjà certaines difficultés pour son application et la circulaire du 11 mai 2011 relative à la maîtrise de l’immigration professionnelle, signée du ministre de l’Intérieur C. Guéant et du ministre du Travail X. Bertrand, qui donne aux préfets l’instruction de diminuer les flux migratoires, le rend nul et il s’écroule totalement et est maintenant en pleine débâcle. Bref, il se peut que ce soit les Français qui sont incapables de s’adapter aux changements survenus avec la mondialisation dont l’un des plus importants critères c’est justement la mondialisation des élites intellectuelles. Dans le cas où au moment actuel en France, on considère les personnes venues de pays en dehors de l’Union européenne comme des étrangers venus dans le pays pour arracher l’emploi et le gagne-pain aux Français, c’est alors une erreur vraiment vulgaire et mesquine. La maladie attrapée par la société française ne peut pas être imputée aux immigrés, la faute ne peut être rejetée sur eux tout comme le blâme ne peut tomber sur eux. Il n’est aucunement nécessaire de les frapper et de les corriger à chaque fois qu’il surgit problèmes et difficultés. Et surtout ce n’est pas l’ « ensemble de l’élite immigrée intellectuelle » indiquée dans la circulaire de prendre les médicaments susceptibles de guérir les maux de la société française.
Face à une politique migratoire qui vient saboter les efforts entrepris par les universités et grandes écoles françaises pour attirer des étudiants étrangers, il est nécessaire de procéder à de larges réaménagements et à changer de paradigme. Cela passe d’abord par le retrait de la circulaire en question et plus généralement par l’amélioration des conditions dans lesquelles se déroulent les procédures d’obtention de changement de statut. Les diplômés étrangers doivent être traités dignement grâce à une procédure transparente et respectant des délais décents.
Article paru dans le Quotidien du Peuple en ligne.