En l'espace de vingt ans, il s'est créé une véritable aristocratie française des mathématiques financières qui trouve même à s'exporter, au point que la langue de Molière serait de nouveau en vogue dans les salles de marché de Londres et de New York. Antoine Paille, l'une de ses grandes figures, qui s'est formé un peu sur le tas, est le précurseur à la Société générale (il est entré en 1984) de la direction très élitiste des options. Ce service emploie aujourd'hui un bataillon de 3 500 personnes (dont des centaines de scientifiques) qui forcent le respect de leurs pairs malgré l'affaire Kerviel...
Les banques, avides de gain et de prestige, ne cessent d'attirer les cerveaux à elles. Et comme ils sont rares, ils se paient à prix d'or. Elles les trouvent en bonne partie grâce à deux mathématiciennes, Nicole El Karaoui, normalienne enseignante passée par la Compagnie bancaire (stage en année sabbatique), et Helyette Geman, normalienne, passée quant à elle à la Caisse des dépôts après une longue expérience des Etats-Unis. En 1990, elles créent un DEA de probabilités et finance à Paris-VI, en collaboration avec l'Ecole polytechnique. Les élèves des grandes écoles et les meilleurs universitaires s'y ruent.
Extrait de "La vie financière"