Kadhafi out. Le tortionnaire number one sur la liste des dictateurs amis de la France est tombé. Plus qu'une bonne vingtaine et le compte sera bon.
Mouammar Kadhafi, dictateur sanguinaire sanguinolent, est mort et (presque) enterré (à moins qu'il ne soit jeté à la mer ?). Après l'avoir reçu en grande pompe, Sarkozy l'aura donc éjecté à coups de fusil à pompe.
C'est le deuxième dictateur auquel notre Sauveur (inter)national avait fait moultes courbettes à clamser depuis mai 2007. Sauf que le premier, Omar Bongo, président de la République gabonaise de 1967 à 2009, est mort de façon naturelle.
Reste à savoir qui sera le prochain...
♦ Noursoultan Nazarbaïev, l'autoproclamé président à vie du Kazakhstan ?
Un des pays les plus opaques de la planète. Amnesty International n'a de cesse d'y dénoncer l'usage systématique de la torture, les emprisonnements arbitraires, les centres de détention secrets... Mais voilà, ce charmant jeune homme est un « partenaire privilégié » de la France, dixit l'Elysée. Et son pays, un « îlot de stabilité et de tolérance » selon l'humaniste humoriste Claude Guéant. Alors, pourquoi se gêner ?
Sarkozy s'est rendu au Kazakhstan en 2009. Puis, il a reçu Nazarbaïev à deux reprises, en octobre 2010 et le 19 septembre 2011. Combien de chefs d'Etat peuvent se targuer d'une telle proximité avec notre Guide national ? Un détail : à chaque fois que les deux compères se serrent la poigne, des myriades de contrats sont signés. De quoi tourner Kazakh...
♦ Gourbangouly Mialikgoulyïevitch Berdymoukhammedov (ouf!), président du Turkménistan démocratiquement élu à 95.5% ?
Un havre de paix couvert de statues gigantesques de son prédécesseur, Saparmourat Ataïevitch Niazov, dont le charmant visage orne des billets de banque jusqu'aux bouteilles de Vodka. Berdymoukhammedov semble respecter la tradition, sa première mesure fut de faire placarder des photos géantes de son joli minois sur les murs du pays. A part ça, impossible de savoir ce qu'il s'y passe : il s'agit d'un des pays les plus reclus et les plus répressifs du monde. Oui, mais voilà. Le Turkménistan possède la cinquième plus importante réserve gazière du monde. Et chaque année qui passe rapporte des milliards à Martin Bouygues (témoin de mariage de Sarko et parrain de son fils Louis), entre autres. Ça mérite bien quelques petits fours...
Sarkozy l'a chaleureusement accueilli (en compagnie du ministre des affaires étrangères et du président du Sénat, excusez du peu) en février 2010 et juin 2011.
♦ Blaise Compaoré, élu président du Burkina Faso depuis 24 ans ? Sarko l'a rencontré en visite officielle en mai 2006, et l'a invité par deux fois à l'Elysée depuis lors : en novembre 2008 et janvier 2011.
♦ Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo depuis 1997 (29 ans de pouvoir au total), sans aucune opposition ? Ils se sont rencontrés à 4 reprises : à l'Elysée en juillet et décembre 2007, et au Congo en mars 2009 (en soutien à la "campagne" de Sassou) et en avril 2010.
♦ Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de Guinée équatoriale depuis 32 ans, élu avec des scores frôlant les 100% ? Rencontré à trois reprises : à l'Elysée en octobre 2007 et en Guinée équatoriale en mai et octobre 2008.
♦ José Eduardo dos Santos, président d'Angola depuis 32 ans ? Sarkozy a rencontré ce dictateur parmi les plus corrompus d'Afrique en mai 2008, pour se "réconcilier".
♦ Bachar al-Assad, président de la Syrie depuis 10 ans (il a succédé à son père qui était resté 30 années aux manettes) ? Sarkozy l'a rencontré cinq fois ! La dernière en décembre 2010, avant que l'impétrant ne décide de tirer sur son peuple au vu et au su du monde entier.
♦ Paul Kagame, président du Rwanda depuis 11 ans, Paul Biya, président du Cameroun depuis 30 ans ? Tous deux rencontrés à plusieurs reprises. Les dictateurs chinois, que Sarkozy a dragué plusieurs fois et avec lesquels l'UMP a signé un accord de coopération ? L'Arabie Saoudite, la Russie qui ne connait plus d'opposition depuis quelques années, le Gabon, l'Algérie, le Maroc, le Quatar, le Bahreïn, le Yemen... ?
« Je ne crois pas à la realpolitik qui fait renoncer à ses valeurs sans gagner des contrats. Je n'accepte pas ce qui se passe en Tchétchénie, au Darfour. Je n'accepte pas le sort que l'on fait aux dissidents dans de nombreux pays. Je n'accepte pas la répression contre les journalistes que l'on veut bâillonner. Le silence est complice. Je ne veux être le complice d'aucune dictature à travers le monde » se révoltait le droit-de-l'hommiste Nicolas Sarkozy, le 14 janvier 2007 au Congrès de l'UMP. Reste à savoir de quelles "dictatures" il parlait, peut-être de la Belgique ?
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Les mots ont un sens