Il y a des albums que l’on attendrait comme le messie. Mylo Xyloto en fait partie. Depuis plus de 10 ans, Coldplay constituent une véritable référence sur la scène rock mondiale, et jusque-là, aucun de leurs albums n’est passé inaperçu. Qu’en est-il du successeur de Viva La Vida ?
Sur leur précédent album, Coldplay avaient certainement effectué un changement radical dans leur musique : avides de changement, notre groupe nous avait proposé des sons totalement différents de ce qu’ils faisaient auparavant. Qu’il plaise donc ou non, Viva La Vida / Death and All His Friends était un album indiscutablement innovateur, différent, parfois dérangeant. Les fans de la première époque étaient déboussolés, mais l’intention était là, produire une musique nouvelle, ce qui ne semble pas être l’ambition de Coldplay pour ce dernier LP.
Sur cet album-là, c’est différent, Chris Martin et ses copains semblent s’être reposés sur leurs acquis et se contentent de faire ce qu’ils ont toujours fait, sans aucune nouveauté, aucun brin de créativité. On serait même tenté de dire que c’est leur album le plus plat. Mylo Xyloto sonne comme un égarement, il est marqué par une grande inconstance, manque de titres forts, malgré cette touche urbaine que le groupe s’est forcé à intégrer à la quasi-totalité des titres de l’album et qui ne constitue, malheureusement, pas une grande valeur ajoutée.
Mylo Xyloto est une sorte de best-of, dans le sens où il ressort des références de toute la longue carrière du groupe, mais le son n’est pas accompli. Il est terne, ne marque pas, s’oublie aussi vite qu’on l’a écouté, à part quelques titres qui risquent de se faire écouter en boucle pendant quelques temps, Paradise en fait partie.
Après une petite intro, l’album commence sur Hurts Like Heaven, chanson très pop au rythme rapide. Le titre étonne à première écoute et l’on ne se fait toujours pas au fait que Coldplay, si intègre à lui même tout au long de sa carrière, ait cédé au caprice de faire de l’electro-pop comme tout le monde. On se souvient avec grande nostalgie de Parachutes, on avale sa peine et on poursuit l’écoute.
Après quelques écoutes attentives, on remarque que les pistes de l’album se distinguent en deux catégories majeures : une première, faite de sons urbains, très électroniques, sur-produits comme Every Drop Is a Waterfall et Major Minus. Ces morceaux-là ne touchent pas, leur aspect sur-travaillé ne laisse filtrer aucune émotion, ils sont là, comme un fond sonore qu’on ne saurait apprécier ou détester, et là est tout le mal. La deuxième catégorie, elle, est constituée de chansons qui représentent un ultime essai de retour aux sources et qui, malheureusement, n’est pas convaincant. Chris Martin a beau sortir sa voix la plus mélancolique sur quelques accords de guitare et de piano sur U.F.O. ou Up with the Birds, on se dit que ce n’est pas suffisant, qu’une triste imitation de ce qu’ils étaient n’est pas ce qu’on attendait d’eux à ce moment de leur carrière où ils avaient justement commencé à se recréer. On notera une petite exception par rapport à Up in Flames qui, pour moi, pourrait être le titre le plus réussi de l’album : touchant, bien travaillé, ce morceau a tout pour s’insérer dans Parachutes, et ça nous rassure que la bande à Chris Martin soit encore capable de produire de telles perles.
Le morceau le plus curieux et qui a fait couler le plus d’encre est Princess of China. A première écoute, on comprend notre peur et incompréhension la première fois que ce duo a été annoncé. Rihanna a donc abandonné ses menottes et ses fouets le temps de venir poser sa voix sur un titre insipide, plat, au sample répétitif et au texte plus que mièvre “I could’ve been a princess, you’d be a king, could have had a castle and wore a ring, but no You let me go“. On peut le repasser en boucle une dizaine de fois, l’incompréhension reste la même. Le premier duo de la carrière de Coldplay nous fera un plaisir de se faire oublier aussitôt qu’il s’est fait écouter, mais c’est malheureusement trop demandé, puisqu’il risque bientôt de bénéficier d’un matraquage médiatique énorme, et là, nous zapperons sans grande hésitation.
En gros, Mylo Xyloto n’est pas l’album de l’année et ne restera pas dans les annales, même s’il risque de se vendre comme des petits pains. Pour ceux qui avaient adhéré au concept Viva La Vida, Coldplay y ont mis leur dose de titres électro-urbains sur-produits et agrémentés de refrains grandioses et de Oooooh Oooooh interminables qui risquent encore de plaire, le premier single de l’album en témoigne. Pour ceux qui sont sur leur faim depuis X & Y, attendant désespérément un véritable retour aux sources, ils peuvent toujours sortir A Ruch of Blood to The Head, l’écouter en boucle, et se dire que c’était ça, Coldplay. Il est regrettable, en effet, que la bande à Chris Martin, qu’on comparait à Radiohead, U2 ou R.E.M. à ses débuts, ressemble plus à du OneRepublic qu’à autre chose actuellement.
Youssef Roudaby (Youssef Roudaby)Étudiant architecte. Avide de découvertes musicales et littéraires. Cinéphile passionné. Rédacteur en chef de Lcassetta.com