Sarko et Merkel ont sauvé
l’Europe sinon le monde de la catastrophe, ouf nous voilà soulagés !
Sans tomber dans la dramatisation sarkozienne, il était urgent d’agir, la
situation était grave !
Je ne suis pas de ceux qui critiquent l’action de notre président, invoquant
qui, une piteuse soumission à des allemands psychorigides, qui, une naïve
génuflexion devant des chinois hégémoniques. Même si son intervention était
inutilement polémique et qu’il aurait été certainement de meilleure politique
de moins fanfaronner et de prendre un peu plus de hauteur, Sarko a
indéniablement œuvré avec beaucoup d’énergie pour le bien de l’Europe et à
travers elle de la France. D’un autre coté, difficile de lui reprocher de
rester impassible devant les attaques dont il est l’objet de la part de
l’opposition depuis plusieurs mois. Tout le monde est ouvertement en campagne
électorale, sauf lui !
Pour autant, que penser sur le fond du plan dont l’Europe a accouché
tardivement et à grand peine durant la nuit de Mercredi à Jeudi ?
A ce sujet, je me contenterais de reprendre l’avis de personnes beaucoup
plus compétentes que moi : Patrick ARTUS, Jean-Christophe CAFFET et
Jean-François ROBIN, toutes les 3 appartenant au bureau d’étude économique de
Natixis qui, le lendemain de l’accord, ont produit une note intitulée
« les gouvernements de la zone Euro continuent de prendre un énorme
risque de procyclicité »….rien de moins !
Les conclusions tiennent essentiellement en 3 points :
- Que le fait de valoriser les dettes publiques en « mark to market »,
c'est-à-dire non pas à leur valeur d’émission mais à leur prix actuel de marché
déprécie des dettes de pays qui, en améliorant leur solvabilité auraient pu, au
final, très probablement les rembourser (Italie, Espagne, Irlande…). Et que, ce
faisant, cela va décourager la détention et donc l’acquisition des dettes
publiques de la zone euro ce qui n’est, évidemment pas l’effet recherché
!
- Que la dévalorisation, pour le moins radicale de la dette grecque,
associée à une recapitalisation très rapide des banques, risque d'amener
celles-ci à réduire leur capacité de prêts avec tous les effets négatifs que
cela peut avoir sur les économies et en conséquence sur les rentrées fiscales
et en conséquence sur les déficits.
- Que l’augmentation sensible de la force de frappe de l’EFSF fait
« passer le message » pour le moins négatif que d’autres pays, voire
de grands pays peuvent avoir des difficultés pour se financer et donc avoir
besoin de faire appel au fond. Et ce, malgré les efforts faits par l’Espagne et
dans une moindre mesure, à ce jour, par l’Italie pour redresser leurs comptes
et les signes d’amélioration constatés dans plusieurs pays (Espagne,
Irlande…).
Ces critiques, que l’étude argumente précisément, apparaissent d’autant plus
pertinentes que leurs auteurs et notamment Patrick Artus, ne tombent pas dans
le dogmatisme et font depuis longtemps des préconisations différentes
(eurobonds par exemple).
A ces reproches, il faut ajouter la récente annonce de l’agence de notation
FITCH qui prévient qu’elle relèvera la note de la Grèce mais qu’elle ne la
fera passer que de CCC à B, la laissant ainsi dans la catégorie
spéculative.
L’agence justifie cette décision de la manière suivante :
« La Grèce aurait encore une dette importante, des perspectives de
croissance faibles, et sa volonté pour appliquer des réformes structurelles
peut s'affaiblir »....pas faux !
On le voit, même si ce plan est clairement mieux que rien, et qu’il est le
fruit d’un consensus qui a été extrêmement compliqué à obtenir,
fondamentalement rien n’est résolu.
Encore une fois, il ne s’agit pas d’accabler injustement Sarko à coup de
très faciles yaka et ilauraitfallukon, il a été moteur sur ce plan et a permis
à une situation qui devenait intenable de se débloquer dans le bon sens, il
mérite qu’on le mette à son actif.
Ce plan n’est pas irréprochable, loin s’en faut, mais s’il constitue une
première marche vers un changement en profondeur tant en terme d’institutions
(fédéralisme) que de pratiques budgétaires en Europe, il doit être salué. De ce
point de vue, la définition régulière d’orientations économiques et des
politiques fiscales communes sous la houlette d’un « président »
ainsi que l’obligation d’inscrire la règle d’or (pour peu qu’elle soit un peu
intelligente) dans les constitutions, vont dans le bon sens.
Un consensus national minimum, au moins pour le considérer comme un point de
départ, me parait d’autant plus important que, dans ces situations, l’effet
psychologique compte, et même si les agences de notation et les marchés sont
tout à fait capables de se faire leur propre opinion, aller proclamer parce
qu’on n’aime pas Sarko, que tout cela n’est que du flan, ce n’est pas servir la
cause commune, c’est même carrément se tirer une balle dans le pied !
Super Sarko n’a évidemment pas sauvé le monde mais il a bien aidé l’Europe
via un plan insuffisant mais c’est déjà ça, et pas certain que les critiqueurs
eussent mieux faits !