Allez, une petite critique ciné, ça faisait fort longtemps que je voulais en faire une, et je crois avoir trouvé le film que j’aimerais partager avec vous.
Vous avez certainement du entendre parler d’une manière ou d’une autre de The Human Centipede (la chenille humaine), étant donné son sujet peu orthodoxe et son contenu qui l’est tout autant, bien que certaines parties soient assez convenues. Mais avant de me lancer dans ma petite critique, un rapide résumé s’impose.
Deux touristes américaines crèvent un pneu sur une petite route boisée en Allemagne. Elle décident de frapper à la porte d’une belle demeure isolée afin de demander de l’aide. Bien mal leur en prend, l’unique habitant des lieux étant un ancien chirurgien spécialisé dans la séparation de frères siamois reconverti dans « la création », comme il le dit. Son projet, créer une chenille humaine : trois personnes reliées entre elles, la première ayant l’anus cousu à la bouche de la seconde, la troisième ayant la bouche cousue à l’anus de la même seconde, la « créature » étant dès lors dotée d’un seul système digestif. Et c’est le début de l’horreur qui commence…
J’ai vu beaucoup de saloperies dans ma vie, et Internet, couplé à ma curiosité morbide, y sont pour quelque chose, j’imagine. Cette curiosité là, on l’a tous, à différents degrés. On ralentira souvent en passant à côté d’un accident de la route, on regardera les décombres fumants de carcasses de voiture, peut-être espérant apercevoir une victime. Pourquoi ?
C’est la question que je me pose. Pourquoi regarder ce film ? Parce qu’il s’inscrit dans une suite logique de mes différentes expériences cinématographiques ? Pour voir jusqu’où je peux aller ?
Quoi qu’il en soit, The Human Centipede (THC par la suite) ne m’a pas laissé indifférent. Le sujet reste assez intéressant et rappelle un peu les expériences dégueulasses de Joseph Mengele. On notera également que cette obsession, ce stylisme lié à la chair, au corps, rappelle également ce que Cronenberg avait pu expérimenter dans le passé (La Mouche, Existenz ou encore Vidéodrome). L’aspect graphique de la chose est intéressant, pour qui peut le supporter. On fera également un rapprochement avec l’oeuvre culte de Pasolini, Salo ou les 120 jours de Sodome, de par le détachement total du bad guy face à ses victimes, ou de l’aspect scato.
Contrainte financière ou choix stylistique, il s’avère toutefois que THC est assez pauvre en images gores, car ici, tout est suggéré, ce qui n’est pas plus mal, l’intensité de plusieurs situations n’en étant qu’amplifiées, puisque bien évidemment, à traiter de ce type de sujet, il va de soi que le réalisateur n’épargnera rien au spectateur. Autant le faire avec intelligence.
Mais est-ce par désir pur de choquer ? Dans ce cas, non, je ne suis pas plus choqué que ça. Je suis peut-être blasé et devrais me tourner vers le snuff-movie ça se trouve
En revanche, j’aime la symbolique de la chose qui, je pense, n’est pas innocente. Tout d’abord, l’homme est, et a toujours été un loup pour l’homme et ce film nous le prouve rien que par l’existence de cette histoire. Oui, l’homme est cruel envers ses congénères, et oui, nous ne sommes pas à l’abri de ce type de saloperies. Par ailleurs, comment ne pas comparer cette expérience ignoble aux expériences menées par les nazis (et encore une fois, notamment pas Joseph Mengele). L’aspect IIIème Reich de la chose étant amplifiée par le fait que le film se passe en Allemagne, et que notre chirurgien fou (incarné par un acteur formidable du nom de Dieter Laser) soit également allemand.
Comment ne pas également comparer cette bête immonde que sont devenus ces trois jeunes gens à notre propre existence en général, reliés les un aux autres et avalant la merde produite par l’un pour la redonner à d’autres, même plus par choix, mais par obligation, afin de maintenir la continuation d’une certaine forme d’existence. De quelle merde parle-t-on ici ? La télévision ? La consommation ?
Pour le reste, on est dans le malsain, mais limite cliché. Pourquoi les scientifiques fous sont-ils des hommes toujours très cultivés, très élégants, avec des mouvements empruntés à des ballets d’opéra ? Pour la forme, peut-être. De même, la facilité est induite dès le dernier tiers du film, et l’on devine vite les intentions finales du réalisateur, comme si, après avoir introduit le sujet principal du film, ne sachant trop vers quoi se diriger, il avait inventé une fin à toute vitesse histoire de conclure.
Mais quoi qu’il en soit, THC ne vous laissera pas indifférent, si vous pouvez le supporter. Des ovnis cinématographiques de ce genre se font trop rares et impriment certaines questions bien plus obsédantes que les horreurs graphiques qui ne sont que les vecteurs des obsessions du réalisateur, tel que le fit Romero avec ses zombies. A voir, donc.