Alan Cowell du NYT explore les contradictions qui apparaîssent entre le récit qui a été fait de la révolte en Libye par les protagonistes et les journalistes, et la réalité –bien différente, et bien plus incertaine– qui commence à prendre forme. Il note comment la presse est influencée par les prismes culturels et politiques à travers lesquels elle décrypte l’actualité. Dans le cas de la révolte libyenne, elle a construit et s’est enamourée d’un récit héroïque dans lequel des rebelles plein de courage et de fougue combattaient un odieux tyran et parvenaient finalement à le terrasser. Son exécution est alors devenue la conclusion justifiée d’une lutte à mort entre le Bien et le Mal. La réalité est toute autre, et le récit de la guerre –entre frappes de l’OTAN et implication de soldats étrangers, notamment qatariotes– reste à écrire.
Un jeune soldat américain de 24 ans a survécu à deux missions en Irak, mais il est entre la vie et la mort à Oakland, aprés avoir reçu dans le visage une grenade lacrymogène tirée par la police lors d’une manifestion pacifique contre les spéculateurs de Wall Street. Scott Olson pourrait devenir la figure symbolique d’une Amérique qui se révolte. Des dizaines de milliers de vétérans de la guerre en Irak se retrouvent à la rue, sans emploi, sans espoir, et sans que l’histoire leur rende hommage. Leur naufrage et le coût de la guerre la plus chère de l’histoire n’ont pas fini de miner l’Amérique, son économie et sa démocratie.
L’histoire de Scott Olson – NYT
Une belle initiative de David Brooks du NYT, qui demande aux personnes mûres, 70 ans et plus, de lui écrire, et de lui parler de leurs vies. Un hommage à la mémoire et à l’histoire, à travers les témoignages de ceux qui nous ont précédé et dont les générations actuelles ne savent ni apprécier, ni même écouter, les récits et les réflexions sur un passé de nouveau présent, entre crises et guerres.Roula Khalaf du Financial Times explique comment l’enthousiame est retombé en Egypte aprés la chute de Moubarak, à quelques semaines des éléctions qui commencent en novembre. La réalité d’un pays économiquement naufragé alimente la frustration des Egyptiens qui rêvaient de lendemains qui chantent. Les Frères musulmans, le mouvement islamiste, devrait sortir vainqueur de ces éléctions, comme leurs cousins tunisiens l’ont déjà fait la semaine dernière. Ils devraient aussi, avec la même prudence, se contenter de moins de 50 pc des sièges de la nouvelle assemblée, pour éviter un scenario à l’algérienne et l’intervention de l’armée, qui –en Egypte comme en Tunisie– veille dans les coulisses.
Monica Marks présente avec compétence le débat ouvert aprés les élections tunisiennes sur la compatibilité de l’Islam et du féminisme. Elle évite les clichés qui abondent dans la presse, et elle explique comment depuis des années des femmes en Afrique du nord et dans le reste des pays musulmans ont développé une relation apaisée entre leurs droits individuels et les principes de leur religion. Ces féministes islamistes revendiquent une voie nouvelle qui tente d’éviter les dérives de ce que l’Occident appelle « liberté de la femme », mais n’est souvent qu’un usage mercantile de la féminité.