Winter Family me fascine par son regard lucide et intransigeant sur la politique d’Israël. L’émotion et la tension présentes de bout en bout me consument, dans les instruments, le mixage des prières ou des sirènes, dans la voix grave et tendue de Ruth. Car les Winter Family conçoivent leur travail comme un tout, cristallisant intelligence, esprit et humanité pour atteindre un résultat musical sensoriel extraordinaire de précision et de sens, de vérité et de beauté. Les drones (sons tournoyants) élevés par des orgues puissants, hamonium, et field recording (enregistrements de sons d’ambiances additionnels de lieux omniprésents) plantent un décor sculpté par Xavier, à la frontière du documentaire autobiographique et du conte. Ruth, habitée, bouleversante, est le personnage principal, le narrateur et la voix off de cette œuvre terrestre et magnétique qui nous rappelle aussi bien Les Ailes du Désir, qu’Hiroshima mon Amour. Elle ne chante pas, mais incarne et porte Red Sugar vers la performance théâtrale. Ce n’est donc pas un hasard s’ils ont monté aussi cette année Jerusalem Plomb Durci, une extension de leur travail musical dans une pièce de théâtre contemporain. L’utilisation du field recording et notamment les enregistrements de prières créent des ponts entre chaque morceau, faisant de cet album un parcours sonore que je préfère ne pas tenter de rendre dans cette chronique pour éviter de le spoiler. Ruth a bien voulu répondre à quelques questions qui s’imposaient après les écoutes obsédantes de Red Sugar.
Winter Family sera en concert le 1er novembre au Point Ephémère. L’album Red Sugar est disponible chez Ici d’ailleurs.
Xavier à Paris, et Ruth en duplex à Jérusalem, ont présenté leur travail à l’antenne de France Culture dans l’émission L’atelier du son de Thomas Baumgartner.
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