Comment penser qu’un mot peut changer une vie ?
Il faut imaginer.
*
Il n’y a pire fou que celui qui n’imagine pas.
Celui qui conduit à la mort des cortèges d’êtres humains parce qu’il en a reçu l’ordre. Celui qui peut ouvrir et fermer la porte d’une chambre à gaz.
Celui qui appuie sur le bouton qui envoie le missile.
Celui qui appuie le canon sur la tempe de l’autre.
Tous ceux-là n’imaginent pas.
Ils sont coupés de cette part humaine si profonde si fertile : l’imaginaire.
Il est beaucoup plus facile d’imposer lois et décrets iniques à des êtres à qui on a retiré la faculté d’imaginer.
C’est un temps que les humains connaissent.
C’est ainsi que toutes les formes de pouvoir totalitaire se sont maintenues. Partout. Et de tout temps.
*
Alors plus que jamais, le poème a sa place.
Parce que nos vies, mouvantes dans le temps, éphémères et fragiles, valent leur poème. Chacune.
Et ce n’est pas, comme la littérature aux yeux de qui cela arrange, la « cerise sur le gâteau ». Non, c’est le pain. Le seul le vrai qui nourrisse au plus profond notre être.