Enfin presque tout.
Des gens qu'on fait tout juste voir et duquel on est toujours prêt à rire des moindres propos. Parce que c'est la personnalité entière de l'artiste qu'on a acheté. Qu'il soit drôle, vraiment, ou non, ça importe peu, ce qu'ils ont fait pour la ratte nationale est tout simplement inoubliable. Et ce talent leur donne un laissez-passer pour le "n'importe quoi".
Spike Milligan était l'un de ses hommes pour l'Angleterre qui pouvaient dépasser toutes les frontières artistiques sans jamais être condamné par quiconque. On lui a même pardonné la tentative de meurtre. Ce n'est pas rien.
Terence Allan Patrick Sean Milligan est né en Inde en 1918 d'un père irlandais et d'une mère anglaise. Il passe toute son enfance à Rangoon en Birmanie. C'est toutefois en Angleterre qu'il fait son école militaire et c'est sous le drapeau du pays qu'il prendra part à la seconde Grande Guerre.
Fin des années 30 et début des années 40, il est musicien de jazz, principalement à la trompette et au chant.
La télévision grandissant en popularité , le transfert des goons à la télévision ne pouvait qu'être naturel. Milligan et Sellers travaillent toujours ensemble. Ils sont tous deux malades. Sellers concentrent ses obssessions principalement sur les femmes tandis que Milligan travaille comme un acharné. Plusieurs incarnations télévisuelles des Goons apparaissent à la télévison durant les années 60.
Sellers principalement investi dans le cinéma, Milligan, pour sa part, colle à la télévision. Et ça lui réussit encore très bien. Sa très innovative émission Q est si populaire qu'elle restera en ondes de 1969 à 1982 sur BBC2.
Il a joué Ben Gunn au théâtre dans Treasure Island au Mermaid Theater de Londres. Puis il a joué et co-écrit la pièce post nucléaire The Bed-Sitting Room qui sera aussi adapté en film. Sa carrière au théâtre le brûle toutefois avec la pièce Oblomov du russe Ivan Goncharov dont le sujet est tout ce qu'il y a de plus sérieux. Le premier soir est une telle catastrophe que Milligan choisit, chaque soir par la suite, d'en changer toutes les répliques au grand dam des autres comédiens sur scène avec lui, forcés d'improviser. La pièce devient un succès lorsque tranformée en comédie et complètement réarrangée au goût du clown Milligan. Maintenant dénaturée de l'oeuvre originale, elle sera rebaptisée Le Fils de Oblomov.
L'une de ses dernières apparition publique sera dans le rôle de De'Ath dans Gormenghast, une adaptation de la trilogie de Mervyn Peake, série réalisée pour le compte de la BBC en 2000.
On lui rend hommage et non seulement il trouve le moyen de ne remercier personne ("car j'ai tout réussi tout seul") mais il se permet de traiter le Prince Charles d'humiliant bâtard et détourne son propre hommage pour le plus grand plaisir de la foule qui lui envoie une demie-tonne d'amour.
Spike Milligan, après avoir fair rire toute l'Angleterre et outre frontières, fait pleurer ses fans le 8 mars 2002 alors qu'il succombe à un cancer du foie à l'âge vénérable de 83 ans.
L'église refusera sa demande d'épitaphe originale qui était "Je vous l'avais dit que j'étais malade!".
Merci la vie pour Spike Milligan.
Un homme troublant, troublé, au cerveau extraordinaire.