Sam (Tobey Maguire) et Grace (Nathalie Portman) forment avec deux petites filles une famille traditionnelle et populaire. Elle, ancienne pom-pom girl s’est mariée à l’ancien quarter-back du lycée devenu capitaine chez les Marines. Il est envoyé en Afghanistan pour une mission sous couvert de l’ONU. Lorsqu’on lui annonce la mort de son époux quelques semaines plus tard, Grace est désemparée, perdue au milieu de sa cuisine. Le frère de Sam, Tommy (Jake Gyllenhaal) prend alors le rôle de son frangin disparu. Il s’occupe des enfants, emmène la famille à la patinoire et se rapproche de sa belle-soeur jusqu’au jour où la famille apprend que Sam n’est pas mort…
Comme Susanne Bier, Jim Sheridan appartient à cette génération de réalisateurs qui s’attachent à filmer les conséquences d’une guerre sur le quotidien d’une famille dont l’un des membres est engagé militairement. Car cette question n’est pas nouvelle. En 1978 dans Voyage au bout de l’enfer, Michael Cimino s’intéressait déjà à comprendre les conditions dans lesquelles un soldat revenait au pays. La guerre était celle du Vietnam et l’histoire se déroulait en 1968. Aujourd’hui si la guerre en 2010 n’est plus la même qu’il y a cinquante ans, il y a des choses qui ne changent pas, la cruauté et la barbarie d’un conflit armé en font partie.
Ce que l’on retiendra du Brothers de Jim Sheridan, ce sont les dîners familiaux. Moments où toute la famille se réunit autour de la table, où les reproches et les craintes de chacun refont surface. Ces dîners familiaux sont d’une rare intensité et donnent au film toute sa force et sa dimension
tragique sans jamais tomber dans l’excès d’émotion. Le film est juste à l’image de Bailee Madison qui, à seulement six ans, incarne magistralement le rôle de cette petite fille, confrontée au traumatisme de l’annonce de la mort de son père puis de son retour, doit essayer de grandir et de trouver sa place au sein du nid familial. La tension qui se cache dans les silences de chacun est telle que tout fini par exploser lors de l’un de ces dîners.
Une preuve, s’il en fallait une, qu’un individu comme sa famille, victime collatérale, ne survivent jamais à une guerre. Qu’elle soit physique ou psychologique, la mort est toujours au rendez-vous.
Sortie en salles le 3 février 2010