Nicolas Sarkozy a donc parlé, hier soir, pour la première fois depuis longtemps de la crise. Il l'a fait avec habileté et talent, même si ses attaques contre les socialistes, la retraite à soixante ans, les 35 heures paraissent bien usées et à coté de la plaque. Mais qu'il était seul! La presse internationale (et française) souligne à l'envi son second rôle en Europe et la prééminence d'Angela Merkel en général attribuée au poids économique de l'Allemagne. A entendre Nicolas Sarkozy soliloquant devant des journalistes complaisants, je me demande si sa faiblesse (et la force d'Angela Merkel) ne vient pas d'un déficit de démocratie. Il n'y a pas eu de débat en France sur la question européenne, sur le traitement de la dette, sur la Grèce. Les socialistes occupés à leurs primaires ont à peine abordé le sujet, quant à la droite, elle n'a pas eu son mot à dire. A l'inverse, les Allemands en ont longuement parlé, leur Parlement en a débattu, il a voté, donnant à Angela Merkel une légitimité qui a manqué à Nicolas Sarkozy. C'était toute l'Allemagne qui parlait avec elle, qui lui avait donné un mandat.
Qui donc parlait avec Nicolas Sarkozy? Certainement pas la France, indifférente et tenue à l'écart, seulement quelques hauts fonctionnaires au service d'un Président contesté de toutes parts que l'on pouvait de plus soupçonner d'être au service exclusif de banques directement menacées par un défaut de la Grèce. Or, dans des négociations européennes, surtout des négociations entre chefs d'Etat la légitimité populaire compte. Celui qui se sait soutenu par son opinion, et qui peut avancer des preuves tangibles de ce soutien (comme un vote au Parlement) a un avantage décisif sur ceux dont la position peut à tout moment être contestée. Faire reculer Angela Merkel, c'était faire reculer l'Allemagne. Faire reculer Nicolas Sarkozy, c'était toucher un Président à l'avenir compromis. Ce n'est pas la même chose.