Un plan Ecophyto, pour quoi faire ?
En 2008, à la suite du Grenelle de l'environnement, le ministère de l'Agriculture a lancé le plan Ecophyto 2018 impliquant l'engagement des parties prenantes à réduire de 50 % l'usage des pesticides au niveau national dans un délai de dix ans. Ce plan concerne notamment le secteur de l'agriculture très dépendant aux produits phytos, mais précise toutefois la nécessité du maintien d'un niveau élevé de production agricole, en quantité et en qualité.
Ecophyto mise tout particulièrement sur la formation des utilisateurs de pesticides : agriculteurs, distributeurs, conseillers... En tout, plus de 800.000 professionnels sont concernés par cette formation qui sera obligatoire en 2014. Quelque 140.000 ont d'ores et déjà décroché leur certificat, Certiphyto.
Pour cette première période de trois ans, le plan a bénéficié d'un budget de 270 millions d'euros.
Afin de sensibiliser les jardiniers amateurs aux pesticides qu'ils utilisent (fongicides, herbicides, insecticides, molluscicides) et aux dangers qu'ils peuvent présenter, le ministère du Développement durable a lancé, en mai 2010, une campagne de communication. Un site internet est à leur disposition (www.jardiner-autrement.fr).
Les agriculteurs et les industriels doivent faire davantage d'efforts pour réduire l'emploi de produits phytosanitaires dans le secteur agricole. Si le ministre de l'Agriculture a dressé un bilan en demi-teinte du plan Ecophyto lancé en 2008, les ONG dénoncent un manque de volontarisme de la part du gouvernement.
Le secteur agricole doit faire mieux pour réduire l'utilisation de pesticides, a affirmé mercredi le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, lors d'un point d'étape du plan Ecophyto. L'objectif principal de ce plan lancé en 2008 dans le cadre du Grenelle de l'Environnement est de réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici 2018.
Devant le Conseil national d'orientation et de suivi (CNOS) du plan Ecophyto 2018, réuni mercredi 26 octoblre, le ministre de l'Agriculture a ainsi défendu le plan Ecophyto en soulignant les "excellents résultats" liés à la baisse très nette (-87%) des ventes des substances les plus dangereuses. Il a également saluté un recours plus important (+65%) à des méthodes alternatives comme l'utilisation de coccinelles pour lutter contre les pucerons.
En revanche, le ministre n'a pas masqué sa déception quant à l'utilisation globale de pesticides qui est restée, elle, "stable". "On doit pouvoir faire mieux" a-t-il ainsi déclaré, précisant cependant que "ce n'est pas uniquement les agriculteurs qui doivent faire des efforts".
Ainsi, il a émis le souhait d'une participation accrue des industriels du secteur des pesticides en mettant au point de nouvelles substances, plus respectueuses de l'environnement. Une mesure qui semble en effet primordiale quand on connaît les monopoles actuels en matière de formulation de phytosanitaires. De plus, aucune contrainte n'existe actuellement pour favoriser les méthodes alternatives, alors qu'elles sont parfois moins coûteuses.
Avant la tenue du CNOS, la directrice générale de l'alimentation, Pascale Briand, a dressé un premier bilan d'étape. Au cours de la période 2008-2010, 1.200 exploitations agricoles auraient collaboré afin d'étudier la réduction de l'emploi de pesticides. 800 autres fermes participantes dites "Dephy" devraient joindre le réseau d'ici à 2012. Un réseau d'épidémiosurveillance de 3.000 observateurs a également été mis en place afin de venir en aide aux agriculteurs.
Des résultats insuffisants de l'avis des ONG comme Réseau Environnement Santé (RES) et France Nature Environnement. "Nous sommes passés de 68,8 millions de doses unité en 2008 à 70,6 millions de doses unité de pesticides en 2010. L'usage des pesticides a donc légèrement augmenté en 3 ans ce qui est tout à fait contraire aux objectifs d'Ecophyto'', a ainsi dénoncé l'association Génération Futures, membres du RES.
Alicia Muñoz