Pour un modèle de démocratie large mais réaliste
par Zoran Oštrič
La manifestation sur la Place Jelačić du 15 octobre à Zagreb et le "plenum populaire" qui a suivi, répété une semaine plus tard, a suscité des controverses parmi les organisateurs et les participants.
La méthode d'une assemblée générale, où tous les participants interviennent sur un pied d'égalité, est utilisée avec succès depuis trois ans déjà par les étudiants de la Faculté de philosophie. Elle sert de base à l'action du mouvement Occupy Wall Street. La méthode n'est pas neuve - si vous avez regardé la série "Gilmore Girls", rappelez-vous les réunions de ses citoyens.
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L'occasion s'est soldée par un fiasco. Il fallait s'y attendre. La méthode est exigeante. Elle requiert un esprit élevé de collégialité parmi les participants, que tous comprennent bien le processus et respectent la procédure. On ne peut pas se contenter de rassembler les gens "ad-hoc" et les investir d'une telle responsabilité.
Le plénum de la Faculté de Philosophie n'a pas encore débattu de cet échec. Son groupe chargé de propager la démocratie directe n'a encore rendu aucune conclusion.
Sont apparues les limites du "fondamentalisme de la démocratie directe", qui prône le rejet absolu d'intermédiaires dans la prise de décision. Ce qui est infaisable. Cela peut aboutir (l'histoire en est témoin) à des effets contraires.
Les institutions existantes de la démocratie représentative sont le résultat d'une longue lutte en faveur des droits civiques et du droit de vote universel. Nous ne saurions nous y maintenir, pas plus que nous ne saurions simplement les rejeter. Il convient de combiner les institutions et les mécanismes de la démocratie indirecte et directe.
Un tel système a pour nom la démocratie participative et délibérative.
Dans l'article premier de la Constitution de la République de Croatie il est dit que "le peuple exerce le pouvoir par l'élection de ses représentants et par la prise de décision directe". Pour l'heure cela suffit. Il n'en reste pas moins que le système existant, les habitudes et la mentalité négligent entièrement la prise de décision directe.
Un des aspects essentiels, que les activistes doivent garder à l'esprit, est que la participation dépend de la volonté qu'ont les gens de participer. Chez nous règne l'apathie. Les messages et les revendications doivent être adressés non seulement aux organes du pouvoir mais aussi à chacun des citoyens.
Il faut utiliser les mécanismes existants de la démocratie et se battre pour de nouveaux.
Il n'est pas simple d'apporter une réponse à tout ce que cela implique et quels sont les problèmes de la participation et de la délibération en démocratie. La démocratie est une chose nouvelle. Elle est encore en phase de développement. Impossible de fournir une recette miracle sur un tract.
J'ai beaucoup réfléchi à cela et me suis plongé dans des lectures ces dernières années. La démocratie participative est l'un des quatre piliers de mon engagement politique. Un livre serait le bienvenu. Je pense être en mesure de l'écrire. J'ai l'intention de m'y attaquer. La théorie en action.
Source : zoranostric.blog.hr, le 27 octobre 2011.