LUMIERE
et la lumière se déploie à l’orée des
nuits, elle exile toutes les fêlures du désert, elle apprivoise le vent marin, dessine les pages sinueuses d’autres mains, et la lumière surgit d’entre tes cils, elle émerge d’entre tes rêves,
danse le long de ces fragments mortuaires, entrouvre les entrailles de ce sang encore livide, elle danse, encore et encore, la lumière, si limpide, déraisonne la courbe des jours, étincelle celle
de ta peau, elle est pure fulgurance, elle éblouit tout ce qui fugue, tout ce qui fuit, les rapatrie dans un lieu, celui de sa plénitude nourricière, et la lumière ne cesse les palabres de la
beauté, elle ne cesse de lacérer tous les aveuglements, présage ainsi le sortilège de l’aube naissante, les séismes de tous les énoncés de la matière, ne cesse de parfaire la venue du crépuscule,
elle féconde les errements les plus obscurs, et la lumière est baptême, elle communie avec tous les orfèvres de tes sens, et la lumière est prière, elle scelle les spasmes de tes sens, et la
lumière danse, danse, encore et encore, elle fonde d’autres territoires, elle les emplit de bleu, de rouge, de toutes les couleurs, de tous les visages, de toutes les démesures, et la lumière est
blessure qui cicatrise ces corps déchirés, elle est le souffle avant le dernier souffle, le vin mystique qui ruisselle sur nos lèvres déjà froides, et la lumière a glané tous les vagabondages de
tes yeux, elle les a voués à défaire nos veines trop longtemps soudés, qui gisent dans l’impatience de son avènement et la lumière se déploie à l’orée des nuits et elle danse, elle danse, elle
danse, encore et encore, elle ne cesse de danser.
Umar Timol