- Le rhinocéros de Java
Le rhinocéros de Java ou rhinocéros de la sonde est un rhinocéros unicorne apparenté à l’espèce des rhinocéros indiens qui vit sur le continent asiatique. Il fait partie des grands mammifères en voie d’extinction. Il vit dans les forêts tropicales à proximité d’eau et de trous de vase, et surtout la nuit. C’est un animal solitaire dont la durée de gestation est de 16 mois pour une portée d’un seul petit qui doit être allaité pendant un an.
La destruction de son habitat naturel a contribué à sa disparition, mais la principale menace qui pèse sur lui est bel et bien le braconnage. En effet, sa corne est encore particulièrement demandée pour la médecine traditionnelle chinoise. On lui prête notamment des vertus aphrodisiaques (à cause du comportement sexuel des rhinocéros) et d’autres vertus médicinales qui ne sont absolument pas fondées. Des rumeurs auraient même affirmé récemment que la corne de rhinocéros pourrait guérir le cancer, alors qu’elle est uniquement composée de kératine, une substance banale que l’on retrouve dans les cheveux et les ongles.
Son dernier habitat connu au Viet Nam était le parc naturel de Cat Tiên (à une centaine de kilomètres d’Ho Chi Minh Ville). Il reste encore quelques spécimens sur l’île de Java, mais il vivait autrefois sur tout le sud-est du continent asiatique ainsi que dans les îles de Java et de Sumatra. Au XIXème siècle, il était même présent dans le Sud de la Chine.
- Dernier spécimen tué par des braconniers
Le dernier spécimen de rhinocéros de Java au Viet Nam a été retrouvé mort en Avril 2010, et tout porte à croire qu’il s’agit là de l’œuvre de braconniers puisque sa corne avait disparue et qu’il a été blessé d’une balle dans la patte.
Le WWF avait collecté entre 2009 et 2010 plus d’une vingtaine échantillons d’excréments, ce qui les avait amenés à la conclusion que cet individu était le dernier représentant de l’espèce dans le pays. Il a été établi le 25 octobre dernier après des tests ADN que ces excréments étaient bien ceux de l’animal retrouvé mort.
Le WWF et la Fondation Internationale pour les Rhinocéros peuvent donc affirmer avec certitude que l’espèce est définitivement éteinte au Viet Nam. Il ne reste désormais plus qu’une cinquantaine d’individus dans un parc naturel Indonésien, l’extinction totale de l’espèce est donc un risque bien réel. La directrice du WWF au Viet Nam, Trân Minh Hiên, s’exprime : « Le dernier rhinocéros de Java au Vietnam a été trouvé mort. Le Vietnam a perdu une partie de son héritage naturel ».
Malheureusement, l’espèce ne pourra pas être réintroduite au Viet Nam, à la fois pour des raisons économiques et pratiques. Le WWF envisage cependant de renforcer les mesures de protection des derniers rhinocéros de Java indonésien et de leur habitat naturel, et même éventuellement de déplacer quelques individus vers un autre habitat d’ici quelques années.
- Un problème de protection des espèces au Viet Nam
Depuis les années 90, de nombreuses organisations internationales s’étaient mobilisées autour du WWF pour la survie de cette espèce dans le parc naturel de Cat Tiên, mais la déforestation (et donc la destruction de leur habitat naturel) et le braconnage intensif ont eu raison de ces bonnes volonté, comme le souligne Nick Cox, responsable du WWF pour la région du Mékong. Pourtant, le parc de Cat Tiên avait été classé réserve de rhinocéros en 1992, et deux centres de sauvetage d’animaux sauvages ont été crées : l’un pour les ours et l’autre pour les primates.
Si le Viet-Nam ne prend pas les mesures nécessaires pour la protection des espèces menacées, d’autres extinctions devraient malheureusement suivre. En effet, les éléphants d’Asie, les tigres ou les crocodiles du Siam sont des espèces fortement menacées au Viet-Nam.
Le fléau principal étant le braconnage, il faut que les gardes forestiers soient mieux formés à la protection des espèces et que leurs effectifs soient renforcés. Le WWF déplore que les autorités vietnamiennes ne prennent pas leurs responsabilités dans la lutte contre le braconnage.
Avis Sequovia
Pour citer Géronimo, Chef amérindien des Apaches Chiricahuas: « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, on saura que l’argent ne se mange pas ». En effet, au train ou vont les choses, les générations futures n’auront peut-être plus la chance de voir un éléphant, un tigre ou un ours blanc. Les objectifs fixés pour 2010 pour la biodiversité n’ont pas été atteints à l’échelle mondiale et les mesures qui seront prises dans les prochaines années seront déterminantes pour l’avenir.
La protection des espèces implique la protection de leur habitat naturel et la lutte contre le braconnage. Il est temps que le Viet Nam notamment prenne des mesures strictes pour en finir avec ce fléau, cela peut être au niveau législatif, en renforçant les brigades anti braconnage ou les contrôles aux frontières ou éventuellement en éduquant la population aux enjeux de la biodiversité.