1957, 1968, 1983

Publié le 28 octobre 2011 par Hunterjones
J'avais des tonnes de traduction à faire.
Je me suis donc emprunté trois films.
Faut quand même pas juste travailler. Et j'étais dans cet état d'esprit qui commande le repos du guerrier. J'avais besoin d'un Time Wrap. Comment traduit-on Time Warp? Capsule temporelle?
Ben voilà, des fois mon époque me fait tant monter la moutarde au nez que j'ai besoin de plonger ma tête dans un autre stand de hot-dogs. Vous diriez une fuite, une évasion, que vous auriez raison. Moi je préfère penser un voyage, une exploration.
Mes voyages allaient être en Italie et en France et allaient couvrir trois décénnies et demie. 1957, 1968 et 1983.
Il Grido (Le Cri/Outcry) Je m'étonne de ne pas avoir parlé davantage de Michelangelo Antonioni sur ce site. Une fois évoqué dans un top 100 de réalisateurs, une autre fois quand j'ai parlé de son Zabriksie Point que j'ai aimé. J'avais jubilé de  L'Avventura, de La Notte, de L'Eclisse,  trilogie existentialiste pour dandy insomniaque comme moi. J'ai aimé Blow-Up au point de l'acheter. Zabriskie je m'en suis conféssé. Par-Delà Les Nuages était une honte mais sinon ce réalisateur m'a toujours plu. Je me promets encore The Passenger avec le bon vieux Jack. Le Cri était son 7ème film. Cette errance dans les campagnes d'italie de la part d'un homme mis de côté par ses amours dilletantes est un délice. Pour l'oreille qui aime les accents mais aussi pour la subtile mais fort agréable musique au piano de Giovanni Fusco. La photographie de Gianni Di Venanzo est aussi la grande star de ce film. Antonioni a toujours laissé beaucoup de place à ses directeurs photos, toujours avec des résultats fort heureux. Ce film tourné tout juste avant la trilogie qui allait le faire connaître, a toutes les traces de ce qui allait suivre. Les désenchentements amoureux, les passions volatiles, les trajectoires sans directions claires des principaux protagonistes. De vrais voyages. De plus Antonioni réussit toujours à faire parler le silence, ça pour moi c'est riche.
Les Biches de Claude Chabrol. Contrairement à Antonioni, Chabrol c'est le cinéma de l'anti-effet. Zéro éclairage, tout dans le dialogue et l'intrigue. Du cinéma d'automne avec perpétuellement des arbres roux ou sans feuilles. De quoi me plaire. Chabrol a toujours aimé le crapules et les escrocs. Il aime filmer leurs trahisons, leurs gloires et leurs chutes. Il aime tout particulièrement traiter des travers de la bourgeoisie. Pendant que la France marmitait sa révolution de mai 68, Chabrol tournait en 67 cette intrigue perverse baignée d'ambiance malsaine où on effleure le saphisme et servie par un splendide trio Stéphane Audran/Jacqueline Sassard/Jean-Louis Trintignant. (Existe-t-il un mauvais film avec Trintignant?). Les Biches est assurément l'un de mes films préférés de Chabrol avec Une Affaires de Femmes. Les Biches est d'ailleurs une affaires de femmes. Une sensuelle affaires de femmes tournée dans l'âge d'or de la flûte traversière dans les trames sonores. Les monstres de Chabrol sont toujours les plus charmants. Un réèl plaisir au vitriol de l'ami Chabrol.
L'Été Meurtrier de Jean Becker. Sebastien Japrisot avait traduit un grand livre en 1953. On retrouvait tout à fait le ton de Caulfield dans son roman de 1978 qu'il a adapté et scénarisé pour le cinéma 30 ans plus tard. Dans cette histoire aux multiples narrateurs, on croit suivre Alain Souchon et sa rencontre avec une jeune fille vulgaire, manipulatrice, immature et troublée puis on se rend compte qu'on est au coeur du panier de crabe d'Adjani et Galabru avant de terminer avec un Souchon en dérive totale. Je trouve d'ailleurs Souchon beaucoup plus intérressant quand il fait l'acteur que quand il pousse la chansonnette. Adjani porte ce film complètement sur ses épaules. Un jeune François Cluzet est déjà parfait. C'est joli le numérique, ça fait clair et tout, pas besoin de reculer la bobine ni rien. Mais avec les VHS, JAMAIS une image ne gelait ou des chapîtres entier étaient impossibles à visionner. Et croyez-moi j'en ai vu des milliers de films. J'ai dû me reconstruire mentalement une fin avec les indices du punch final mais tabarnak. Calever. Ostie. Viarge.
Voilà.
Je suis allé faire mes traductions avec en tête de jolis voyages européens des années 50, 60, 70 (pour le livre de Japrisot dont l'action se déroulait en 1976 et publié deux ans plus tard) et 80.
Faut quand même bien travailler.