Je savais d’avance que je l’aimerais, ce livre. J’en avais déjà tellement entendu parler et toujours en bien, mais au moment de commencer ma lecture, j’ai ressenti l’appréhension habituelle dans ce cas-là: et si j’allais être déçue?Eh bien non! Ce doute était superflu: j’ai aimé l’histoire et les personnages ainsi que l’écriture et la sensibilité de Joanne Harris. Je peux enchaîner la suite sans crainte: Le Rocher de Montmartre, à lire pour mardi 8 novembre avec L’or des chambres, Soukee, Tiphanie et Fransoaz pour le moment.
Un beau jour de carnaval, dans un petit village du Sud-Est de la France, Vianne Rocher s’installe avec sa fille Anouk, ses cartes de tarot et le souvenir très tendre de sa mère un brin sorcière. Elle ouvre une confiserie et grâce à ses chocolats, ses belles vitrines, les senteurs et la chaleur de sa petite entreprise et toutes ses autres qualités qui sont nombreuses et tendrement féminines, elle attire toutes les âmes jeunes, naïves, fragiles, endolories ou esseulées de l’endroit, déclenchant par là-même le venin des «bonnes âmes» et des «grenouilles de bénitier» avec à leur tête le cabaretier haineux et surtout Reynaud, le curé trop rigide.
Bien sûr cette opposition des deux clans est un peu simpliste et trop systématique transformant le récit en conte de fées en faveur d’une vie douce et indulgente contre les tabous religieux et les vices cachés des puissants et pourtant ce parti-pris ne m’a pas gênée une seconde puisque je me suis sentie constamment du côté des faibles finalement victorieux dans la lutte qui oppose tour à tour les deux narrateurs : Vianne et Reynaud, la gentille chocolatière et le vilain curé. Je me suis laissée prendre au jeu et c’était un grand plaisir de voir les bons l’emporter ainsi sur les méchants dans un roman qui n’a rien de policier et qui pencherait plutôt vers le feuilleton un peu gentillet si ce n’était le talent de la romancière qui a réussi à me séduire d’un bout à l’autre de son récit et à me donner envie, non seulement de voir le film tiré du roman, mais d’en lire la suite. Evidemment je n'ai pas pu éviter le rapprochement entre le repas de fête offert à l'occasion de son départ définitif par Armande , la grand -mère rebelle, et le fameux "Dîner de Babette" de Karen Blixen. Ici,il y aura:
"du foie gras, du champagne, des truffes et des chanterelles de Bordeaux, sans oublier le plateau de fruits de mer de chez le traiteur d'Agen. J'apporterai moi-même les gâteaux et les chocolats."Chocolat de Joanne Harris. Traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff. (J’ai Lu, 1999, 382 pages)
Lecture commune avec Manuet Lystig. Vu aussi chez Soukee et d'autres très nombreux blogueurs.