Récit d’une expatrié qui, confronté aux barrières culturelles, aperçoit le reflet vide de sa propre existence !
Ce diptyque paru aux éditions Le Lézard Noir est un roman graphique semi-autobiographique inspiré de l’expérience de Lars Martinson, lorsqu’il fut professeur d’anglais au japon pendant trois ans.
Le récit invite à suivre le quotidien de Daniel Wells, un expatrié américain qui se retrouve assistant scolaire au Japon, dans une école située dans un petit bled de province nommé Tônoharu. Si le mur érigé par les différences culturelles et la barrière linguistique semble plus difficile à franchir que prévu, l’attitude attentiste de ce jeune homme de vingt-cinq ans n’est pas non plus étrangère à ses problèmes d’intégration. Ses contacts plutôt pathétiques avec les locaux se limitent à quelques collègues de travail et même ses échanges avec les autres expatriés sont finalement d’une maladresse rare. Au fil des errances de ce spectateur passif, perdu au sein d’une culture assez étanche à l’ouverture vers autrui, le lecteur finit d’ailleurs par comprendre que Daniel a du mal à s’intégrer dans la société, peu importe l’endroit. L’histoire de cet homme qui se cherche est donc renforcée par un exil qui rend tout contact social encore plus difficile et accentue encore un peu plus son isolement. À la limite, il se sert même inconsciemment de cette immersion dans la société japonaise comme d’une excuse à sa condition, mettant ainsi son incapacité à s’intégrer sur le dos de la différence.
C’est avec une grande justesse de ton que Lars Martinson relate ce plongeon vers l’inconnu, offrant ainsi un regard différent sur le pays du soleil le levant : le regard d’un américain confronté au vide de sa propre existence.
Dans un style qui fait penser au travail de Seth, Lars Martinson parvient à accentuer l’immobilisme de son personnage. Usant d’un format gaufrier de quatre cases par page, d’un cadrage très statique et de décors immobiles répétitifs, il impose un rythme lent qui fait écho au quotidien monotone du personnage principal. Le dessin monochrome aux tons verdâtres tristes renforce l’atmosphère pesante du récit et la solitude déprimante de cet étranger.
Et, contrairement à ce personnage qui hésite à prolonger son séjour d’un an en terre nippone, le lecteur est tout de suite partant pour un deuxième tome.
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