Lock-out NBA : bien au-delà d’un simple conflit propriétaire-joueur

Une grève outre atlantique portant sur un secteur d’activité brassant des milliards de dollars à travers le monde semble passer inaperçue de par nos contrées Européennes. Il s’agit bien évidement de la grève de la NBA, ligue américaine de basket-ball, qui paralyse depuis le 1er Juillet trois institutions en une : un championnat sportif extrêmement riche, une machine économique dont dépend beaucoup d’emplois et enfin une religion suivie par des millions de fans.

A l’origine d’une telle tragédie le partage des 4 milliards de dollars générés chaque année par la NBA entre les clubs (43% actuellement) et les joueurs (57%). Les propriétaires se plaignent d’être en déficit à cause des salaires trop importants des basketteurs. Aujourd’hui les négociations reprennent mais les deux partis campent sur des positions incompatibles : les dirigeants représentés par David Stern, patron de la ligue, demandent 50% des revenus alors que le syndicat des joueurs mené par Dereck Fisher ne veut pas diminuer sa part au-delà de 52,5%. Et chacun pense avoir raison : les joueurs sont la base du spectacle, ils méritent leur paye ; les clubs font vivre l’industrie du basket (goodies, maillots, retransmissions) qui entretient la notoriété des joueurs.

Mais ces considérations commencent  à devenir révoltantes lorsqu’on sait qu’un tel lock-out met au chômage des milliers d’employés américains, du préparateur physique au vendeur de bière. Quand on sait que le salaire moyen des joueurs atteint 4,4 millions de dollars par saison la situation ressemble vraiment à un caprice de (super-) riches qui se répercute sur des milliers de foyers.  Que dire de la situation des fans, comprenant Barack Obama qui a exprimé hier sur la NBC son désarroi et celui de tant d’autres de voir leur moyen préféré de s’évader de leur quotidien, le temps d’un match, s’évanouir.

Un tel Lock-out avait déjà eu lieu en 1998-1999, amputant la saison de la moitié de ses matchs ce qui avait sérieusement écorné l’image de la ligue. Ainsi, même si les négociations d’aujourd’hui pourraient faire reprendre la ligue dès le 29 Novembre, le mal semble être déjà fait. Reste aux joueurs et aux patrons de le rendre le moins préjudiciable possible pour tous ceux qui considèrent le basket comme étant plus qu’un simple sport.

Timothée Guérin.