“…Montebourg, Il fait, mais comme en 2005, ceux qui avaient voté non au TCE, il en était Arnaud Montebourg. Ce sont des gens qui font le lien entre la droite extrême et la gauche” J. Quatremer sur la RTBF
Le ridicule tue. Massivement. C’est bien l’image qui restera de la version colorisée d’A. Hitler en costume traditionnel bavarois, en short chaussettes blanches montées, et ce visage, ces yeux. Une image d’ailleurs utilisée dans le packaging par les producteurs du documentaire. Comme pour rappeler que derrière l’apparence du burlesque l’immonde peut se terrer. Capable de mettre à feu et à sang un continent, l’Europe. Sur des critères nationalistes et “raciaux”. On ne peut s’empêcher de s’interroger sur le cours que prennent les évènements contemporains, mais surtout sur la manière dont ils sont mis en scène.
Christopher Dombres
La dramatisation de la situation de la crise semble ridicule au regard de l’histoire tragique des années sombres. Pourtant, nombre d’experts, ou de politiques se laissent aller au bégaiement apocalyptique. Voyant dans les turpitudes européennes, les mêmes ferments qui mènent au désastre. Tels le nationalisme ou la paupérisation issue de la crise, les déchirements nationaux, et le sort qui est fait aux peuples. Par petites touches on instille le sentiment que les choses pourraient tourner au vinaigre. Rejouer de manière fantasmée le scénario du pire. La guerre.
En effet. C’est Libération, le 26 octobre, au comble du suspense qui titrera, infraliminal, à propos de cette journée décisive : “Le jour le plus long”. D. Reynié du think tank libéral Fondapol condamne les propos de citoyens et journalistes proférés sur RMC. Propos jugés démagogiques, incendiaires et inconscients sur la fin de la zone euro. Moins subliminal, quelques semaines plus tôt le ministre des finances Polonais J. Rostowski, libéral et conservateur, qui prédisait le pire, une “guerre au cours des dix prochaines années” si l’euro éclate. Toujours plus loin, J. Quatemer qu’on imagine en charge de la propagande européenne pour Libération fait référence au nazisme et à une étude belge pour délégitimer la “démondialisation”.
La question finalement est d’où on parle et pourquoi on dit ? Dans chacun des cas, il y a fort à parier que l’objectif tient vraisemblablement de la posture émotionnelle pour graver l’inaltérable nécessité d’une monnaie unique, ou d’un grand marché continental. Qui tient essentiellement d’un point de vue partial. Et pour cela on use, abuse d’expédients caricaturaux, voire grotesques.
La propagande nazie pratiquait le viol des foules en jouant sur le paroxysme émotionnel. Certes une autre époque et surtout un autre contexte. On s’aperçoit aujourd’hui que nombre de commentateurs juchés sur leurs certitudes, mais surtout sur leurs intérêts n’hésitent pas, pour asseoir une idéologie, à évoquer ce temps, ces atrocités.
Et dans ce cas, il est heureux que le ridicule ne tue point.
Vogelsong – 26 octobre 2011 – Paris