La France a été l'un des premiers pays européens à prendre des mesures contre le bisphénol A en interdisant la fabrication, l'importation et la vente de biberons contenant cette substance, en juin 2010. Sur la base de nouvelles observations alarmantes en termes de santé le Gouvernement a décidé d'aller beaucoup plus loin.
Cela fait des années que les chercheurs alertaient les responsables politiques sur les dangers du bisphénol A (BPA), pour la santé humaine, animale et la biodiversité, et réclamaient son interdiction, notamment dans la fabrication des contenants alimentaires (bouteilles, barquettes et couverts en plastique, canettes, boîtes de conserves...).
(Lire les articles du dossier publié sur bioaddict.fr : L'insoutenable légèreté de l'Agence Européenne pour la sécurité des aliments qui précise les effets du BPA sur la santé)
Le gouvernement a fini par les entendre et a décidé, il y a un an, de franchir un premier pas en interdisant les biberons contenant cette substance.
Mais un nouveau rapport qui vient d'être rendu public par l'ANSES, l'agence nationale de sécurité sanitaire, fait état d'éléments nouveaux : " il met en évidence des effets sanitaires du bisphénol A, avérés chez l'animal et suspectés chez l'homme ".
La mise en application du principe de précaution s'avère donc pour Xavier Bertrand, ministre de la santé, " légitime et même nécessaire ". Aussi a-t-il décidé dans un premier temps de " réduire en priorité l'exposition à cette substance des populations qui y sont les plus sensibles : nourrissons, jeunes enfants, femmes enceintes et allaitantes ".
Dans ce sens une proposition de loi vient d'être votée par l'Assemblée nationale. Déposée par Gérard Bapt et modifiée à l'issue d'un travail en commission de la majorité et de l'opposition elle vise à interdire tout conditionnement comportant du bisphénol A et destiné à recevoir des produits alimentaires à compter du 1er janvier 2014. Elle prévoit également la mise en place obligatoire d'un avertissement déconseillant l'usage des produits contenant du bisphénol A aux femmes enceintes et à celles ayant choisi l'allaitement, ainsi qu'aux enfants jusqu'à trois ans. Le Gouvernement veut même aller plus loin en interdisant dès 2013 les contenants alimentaires fabriqués avec du bisphénol A destinés aux enfants jusqu'à trois ans.
Bien entendu les industriels vont devoir remplacer le bisphénol A par d'autres produits. Mais pour éviter tout nouveau risque de toxicité un rapport devra être remis au Parlement sur l'innocuité des substituts au plus tard le 31 octobre 2012. La ministre de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet a ainsi demandé à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques d'ouvrir d'ici fin 2011 une plate-forme d'information et d'échanges sur les produits de substitution.
On ne peut que se réjouir de voir que le Gouvernement a pris enfin conscience des dangers du bisphénol A en termes de santé publique, et engagé des mesures concrètes de prévention. Mais que de temps perdu sur ce dossier par nos responsables politiques. Et que de dégâts à venir sur la santé qui auraient pu être évités.
Je ne voudrais pas être à la place des chercheurs, et des responsables des Agences de sécurité sanitaire qui pendant des années ont nié farouchement la toxicité du bisphénol A, et dénigré ceux qui alertaient sur les dangers de cette substance...
Hervé de Malières