Magazine Beaux Arts
Merci à Jean Boizon de Feugarolles qui est venu visiter notre exposition sur le vent et qui m'a parlé avec passion de cette éolienne Bollèe qui fait partie de notre petit patrimoine industriel et approvisionnée en eau tout le château de Gâche à Buzet. Il m'a fait découvrir les frères Bollée, ingénieurs du XIX siècle qui ont apporté le progrès dans beaucoup de régions françaises avec leur invention mécanique d'éolienne à eau. Bien sûr au début chez les bourgeois qui possédaient des propriétés et des châteaux mais qui offraient aussi du travail aux travailleurs manuels " les Brassiers". Jean Boizon est un des membres actifs des amis des moulins de ADAM 47 qui organisent chaque année des journées des moulins.
Il m'a montré aussi l'article sur la revue le FESTIN que nous envoient quatre fois par an le conseil régional d'Aquitaine à la bibliothèque et qui traitent de toutes les richesses de notre terroir ( culinaires, archéologiques, architecturales.....) Une revue fort intéressante dont le N°79 présente tout un article sur les tours en ruines du Lot-et-Garonne qui servaient pour les sémaphores, début de la communication rapide et visuelle, inventée par Le Curé Chappe dont certaines cherchent des mécènes pour être remise en état.
et voici son propos
À l'époque de la révolution industrielle vers 1850, les ingénieurs avaient du pain sur la planche car tout, ou presque, restait à être inventé ou à perfectionner? C'est à cette époque que les frères Bollée mirent au point un appareil mu par la force du vent qu'ils appelèrent machine éolienne à élever l'eau. On ne trouve le mot éolienne dans le Larousse qu'autour de 1907.En 1868, Bollée propose sur le marché une éolienne comportant un startor à l'avant et un rotor à l'arrière ; le papillon d'orientation fut mis au point par la suite, les premiers modèles furent installés en 1872 et la fabrication fut relativement longue et s'arrêtât en 1910.
Il se trouve de nos jour en Lot-et-Garonne une éolienne Bollée complète en parfait état de conservation, seule la chaîne de la noria qui montait l'eau est en mauvais état. Elle se trouve sur le domaine du château de Gâche, propriété viticole au cœur de l'AOC Buzet, appartenant à la famille du Général de Royer ; étant facile d'accès du fait qu'elle se trouve au bord du mur d'enceinte du domaine, le propriétaire a toujours eu la gentillesse de nous permettre de faire des visites commentées lors des journées du patrimoine ou autres manifestations.
Les constructions de cette époque étaient très soignées tant pour la durée de la mécanique, que pour la beauté de l'ensemble.
Bollée avait plusieurs modèles, celle qui nous concerne et le numéro 1 avec une roue de 2,50 mètre de diamètre, un startor de 24 pales, et un rotor de 18 ; le mécanisme d'orientation est constitué d'un papillon de 8 ailettes de 0,90 m de diamètre agissant sur une couronne dentée par l'intermédiaire de plusieurs étages de pignons pour un rapport de 3160 tours de moulinet pour une rotation complète de l'éolienne.
Elle est sur une colonne de fonte de 175 m/m de diamètre composée de sections de 2,85 m reliées entre elles par un boîtier boulonné dans lequel se situe un palier de l'arbre central, chaque section comporte 12 marches en fonte qui font un tour complet pour former un escalier en spirale avec une rampe en fer forgé qui donne à l'ensemble une réelle élégance. Le tout est haubané par des tringles de fortes sections ancrées dans des blocs de maçonnerie.
Elle a été installée en 1883 et elle a coûté 3500 francs. restant à la charge du propriétaire tous les travaux de maçonnerie : socle, blocs d'ancrage et abri pour la pompe ; le montage était assuré par un poseur mécanicien fourni par la maison (à charge du propriétaire de lui procurer nourriture et logement soit à la ferme ou à l'auberge la plus proche). Le montage durait de 20 à 30 jours. Toutes ces dépenses faisaient que seuls les plus nantis pouvaient se le permettre et l'installation de cette machine était vraiment un signe de réussite et de prospérité.
Quand on sait qu'à la même époque le salaire d'un brassier était de 1 franc par jour et qu'il faut en gros 655 francs de cette époque pour faire 1 euro.
Cette éolienne a fonctionné jusqu'aux années 50, elle pompait l'eau d'un puits qu'elle refoulait dans une grande citerne voutée en briques, située sur les hauteurs du domaine. Elle alimentait tous les besoins du château, les abreuvoirs, l'arrosage du potager et la buanderie, le tout était vraiment d'un grand confort pour l'époque.
Lorsque vous vous trouvez en présence de cette éolienne si élégante en on état, qui a traversé les ages en rendant tant de services, vous êtes obligés d'en tomber amoureux.