Dans son article « iPad et autres tablettes tactiles : vers de nouveaux usages interactifs« , Usaddict revient sur les multiples usages que permettent déjà les tablettes tactiles. Si la presse s’est emparée rapidement de ces nouveaux supports numériques espérant trouver là une réponse à la désaffection de son lectorat, les entreprises aussi y ont vu certains avantages. Les tablettes deviennent des supports commerciaux remplaçant les plaquettes de présentation papier.
Ce qui m’a le plus étonnée par contre, ce sont les usages possibles dans le milieu culturel. On imagine le monde de la culture très conservateur et traditionnel dans ses outils de communication et de présentation. Or les musées et autres salles d’exposition démontrent tout le potentiel qu’offrent aujourd’hui ces nouvelles interfaces.
La Réunion de musées nationaux a développé une application permettant de consulter le catalogue de l’exposition Monet sur l’iPad et aussi un outil dédié aux plus jeunes, pour accompagner l’exposition d’Odilon Redon. (…) RMN voit un autre gros avantage pour les beaux livres numériques qu’il publie : celui de proposer les photos des œuvres présentées en haute définition, pour que le lecteur puisse faire des zooms et voir de près le travail de l’artiste.
RMN mise ainsi sur les e-books ou plus exactement les e-albums. Le livre papier officiel d’une exposition est transposé en une version numérique qui offre à l’utilisateur une certaine interactivité. Après Monet, c’est l’exposition « Cézanne et Paris » au musée du Luxembourg qui vient de sortir son album sur iPad. Fin 2010, le musée du Quai Branly éditait également ses « Chefs d’oeuvre » sur la tablette d’Apple.
En dehors des e-books qui se prêtent bien à une lecture sur iPad, il faut savoir que les musées proposent aussi des applications en propre. Le Louvre présente ainsi sur l’iPad ses plus belles pièces. L’iPhone offrait déjà des applications culturelles intéressantes mais la taille de l’écran était un peu frustrante pour admirer les chefs d’oeuvre picturaux. Il en va tout autrement avec un iPad, comme le précise l’article de MuseumNext « Ce que l’iPad peut faire pour les musées » :
Dans certains cas, les iPads sont utilisés par les musées pour livrer des versions plus riches et étendues de leurs applications iPhone actuelles. (…) les points importants du MoMA’s Abstract Expressionist New York ne sont disponibles que sur l’iPad. L’application AB EX NY offre des images haute-résolution des œuvres sélectionnées, des vidéos et plus d’informations sur l’art et les artistes. Elle comprend également une histoire de New York City mettant en vedette studios, galeries, bars et autres points d’intérêt.
Museum Next s’interroge aussi sur les retombées financières de ces applications pour les musées. Celles de l’iPad ayant un prix plus élevé que celles de l’iPhone, les musées pourraient en tirer profit. Pourquoi d’ailleurs ne pas développer des jeux, puisque ce sont les applications les plus populaires de l’AppStore ?
Jason Daponte, ancien rédacteur en chef de BBC Mobile, a déclaré à la Tate Handheld Conference : ‘Vous ne pourriez pas penser le monde des jeux et les jeux en général comme étant aussi important pour les musées, mais je vous mets au défi d’y penser très sérieusement. Si vous regardez les ‘app stores’, généralement les applications les plus populaires – huit ou neuf sur les dix premières – sont toujours des jeux. Alors, allez là où votre public se trouve, regardez ce qu’il faut et regardez comment vous pouvez vous y introduire.”
L’adoption des tablettes tactiles par le grand public, d’une part, et par les institutions culturelles, d’autre part, pourrait ainsi permettre à ces dernières de relever deux challenges de taille : générer de nouvelles sources de revenus et attirer un autre public, plus jeune et davantage technophile.
« Nous espérons donner aux techlovers l’envie de s’intéresser à l’art », déclare Thomas Bijon (Réunion des Musées Nationaux).
Pour ceux qui en doutaient encore, art et technologie sont loin d’être incompatibles.