De septembre à mars, ils sont partout, dans les chemins creux, sur le bord des routes, à proximité des habitations, près des stades de foot, le long des sentiers de randonnée, derrières les haies, escaladant les clôtures, entrant dans les champs, pour satisfaire leur passion et faire chier, autant que faire se peut, ceux qui n'ont pas le goût de tuer pour s'amuser.
On parle bien des chasseurs, de la racaille des talus, postée toujours là où on n'aimerait pas qu'elle soit, s'attendant à en prendre une vu la maladresse et l'inconscience de ces types.
Si tu penses être plus peinard en prenant le train, tu te goures. Tu vas les croiser et tu risques, ce faisant, de te faire allumer. Surtout quand ils traquent le gros gibier, le sanglier notamment. Une balle Brenekke, par exemple, fait du 450 mètres seconde et a une portée de plusieurs kilomètres. Tu crois vraiment que le viandard va se poser la question de savoir si son tir foireux ne va pas finir dans ta tête, toi qui sommeille dans ton siège, plusieurs centaines de mètres plus loin en contrebas ?
Dimanche 23 octobre, du côté d'Argagnon (Pyrénées-Atlantiques), des chasseurs avaient décidé, après le déjeuner, d'organiser une battue au sanglier près de la voie ferrée qui relie Pau à Orthez. Faut vraiment qu'ils n'aient eu que ça à foutre, surtout que cette voie ferrée, elle n'est pas vraiment désaffectée. Même le garde-chasse du coin était contre, c'est dire.
Un chasseur marchait le long des rails pour sécuriser la zone de battue. On se demande bien ce qu'il essayait de faire d'ailleurs. Faire traverser les chiens ? Ne pas leur permettre de traverser ? Sonner du clairon en entendant un train arriver pour demander à ses potes de cesser leur traque ?
Bref, un TER a déboulé, à 120 km/h. Apercevant des hommes sur les voies, il a klaxonné, évidemment.
Y'en a un qui a glissé et qui est tombé. Il a été happé par le train.
Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? A toujours imposer leur présence mortifère en tous lieux et à tout moment (à quand une battue organisée à proximité des pistes d'un aéroport tiens ?), les viandards n'obtiennent que mépris.