L’exercice de l’Etat

Par Gicquel

Tout va mal. La crise. A l’heure où j’écris ces lignes, Angela et Nicolas font des p’tits plats avec l’euro. Cuisine interne dont le fumet ou le réchauffé va nous être servi sur le perron. Le menu, seulement, pas les recettes dont on discute peut-être encore derrière ces grandes fenêtres, éclairées tard dans la nuit, et d’où pourtant rien ne parait. C’est là que nous conduit Pierre Schoeller, au cœur du ministère des transports. On ne sait pas trop de quel gouvernement il s’agit, gauche, droite, peu importe , pour un réalisateur qui  s’intéresse plus aux hommes qu’à leurs actions . D’emblée, il  braque sa caméra sur son sujet et ne le lâche plus un instant. La tension ne fait que monter..

Comme prise de mimétisme face à ce quotidien ministériel, toujours sur la brèche, elle nous raconte au plus près, l’histoire d’un homme qui croit aux hommes. Ce n’est donc pas un bon politicien, et son entourage tente de le ramener dans le droit chemin.

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Un bon discours, une cravate adéquate, et des idées piochées ici et là. Elles ne lui conviennent pas forcément, mais il faut faire avec, sous peine de perdre la face au sein de son propre camp. Débusquer les alliés, contrer les ennemis…

C’est un thriller qui se noue et le réalisateur le filme ainsi. Pour démonter un complot  autour du projet de nationalisation des gares, par exemple ; d’un ministère à l’autre on se renvoie le dossier, coupable de diviser la majorité.Mais à  la justice, il faut toujours un coupable, et notre ministre va en faire les frais. Qui d’autre que Olivier Gourmet  ,pouvait incarner un tel personnage, bringuebalé de la raison d’état à la simple raison d’être. Tous les ministres, loin de là, ne sont pas de cette trempe, mais Gourmet est à l’unisson de la démarche de Schoeller qui vise le  cœur.

Toute une équipe au service d'un homme qui n'arrête jamais

C’est haletant comme mise en scène,à l’image du quotidien d’un ministre, assez inattendue aussi quand sous le boutoir de la caméra,il filme des scènes imprévisibles . Drôles (le discours de Malraux marmonnée par un formidable Michel Blanc  en chef de cabinet,) ou dramatiques (l’accident sur l’autoroute) ; elles sont toujours bien venues.

Autour d’un montage, assez abrupt, et d’un scénario joliment boutiqué, qui combinent leurs énergies contraires. Schoeller assène  de gentils uppercuts. Ca fait du bien là où ça fait mal !