Les sondages, qui paraît-il ne veulent rien dire mais que beaucoup commandent et que tous commentent, donnent actuellement un large avantage au candidat socialiste à l’élection présidentielle. Je pense qu’ilconvient de les ignorer. Notre président actuel a deux atouts incontestables, son habileté et son pouvoir de séduction. C’est ce dernier qui lui a permis d’attirer vers lui, outre celles sensibles à l’offre d’un poste ou d’une sinécure, des personnalités que l’on n’aurait jamais imaginées susceptibles de le rejoindre.
Il faut donc s’attendre à ce que, début 2012, il sorte de sa manche quelque nouvel artifice pourrassembler la fameuse majorité silencieuse et tenter de gagner sa réélection. On discerne dès maintenant un angle d’attaque. L’UMPcanonne vigoureusement François Hollande pour son inexpérience. A l’instar de Martine Aubry, elle le soupçonne de mollesse. Elle claironne que, par temps de tempête, il importe de ne pas changer de capitaine. Jamais à court de formule, elle peut aussi souligner que l’on ne saurait changer de cheval au milieu du gué.
En réalité, tout ce que ces laquais affirment c’est, détournant la formule traditionnelle : « on ne change pas une équipe qui perd ». Car cette équipe a perdu, plus qu’aucune des précédentes. Examinons un peu les réalisations de notre chef des armées.
La France a rejoint le commandement militaire intégré de l’OTAN, sans obtenir une plus grande participation à la prise de décision. Nos troupes, engagées en Afghanistan dans une guerre aux objectifs mal définis, ont plusieurs fois été victimes d’un défaut de coordination avec nos alliés. J’avais déjà émis quelques doutes sur la maîtrise de l’opération qui s’était soldée par la mort en août 2008 de onze de nos soldats. Le ricanement satisfait de notre président lors de l’hommage qui leur fut rendu m’avait en outre scandalisé. Mais cette attitude était dans la droite ligne de celle qu’il avait manifestée quelques mois lors d’une cérémonie enl’honneur des résistants massacrés sur le plateau des Glières. Un comble pour celui qui tente avec constance (lettre de Guy Môquet, parrainage d’enfants déportés) de s’emparer des fruits de leur sacrifice !
Si j’en crois certaines sources, l’équipement de nos soldats en Afghanistan est si précaire que plusieurs d’entre eux en ont été réduits à s’acheter à leurs frais des gilets pare-balles. Sur un plan plus général, sans les bombes et la couverture radar fournies par les Etats-Unis, nos armées auraient été incapables de réaliser leurs sorties aériennes en Libye. Je ne citerai que pour mémoire quelques autres ratages à mettre au passif de notre merveilleux capitaine :
en avril 2008, diverses défaillances du matériel ont failli compromettre la libération des otages capturés sur le Ponant : les frégates Jean-Bart et Surcouf n’ont pu rejoindre la zone d’opération, une embarcation du Var a coulé suite à une erreur de manœuvre, l’Atlantique 2 assurant la coordination de l’affaire a subi une panne d’un moteur et deux Puma basés à Djibouti étaient indisponibles. Bravo !
en avril 2009, au cours de l’arraisonnement par les forces armées françaises du Tanit, son skipper a été tué par une balle tirée par nos troupes.
en janvier 2011, la tentative de libération de deux jeunes français enlevés à Niamey s’est soldée par leur mort dans des conditions mal élucidées.
Je sais bien, on ne peut pas charger notre président de tous les péchés du monde. Mais, reprenant, en la rectifiant une parole de Georgina Dufoix, je dirai : pas coupable, mais responsable. Il est le chef des armées. Y a-t-il eu des enquêtes indépendantes menées pour déterminer la responsabilité de galonnés dans ces morts et, bien plus, la grande muette a-t-elle pris, si nécessaire, des sanctions ?
Nicolas Sarkozy, qui n’a eu besoin que de quelques jours pour virer le responsable de la sécurité en Corse parce que celui-ci n’avait pas empêché quelques manifestants de piétiner la pelouse de Christian Clavier, son ami, est moins prompt à protéger nos soldats et nos citoyens. Un grand capitaine ? Fichtre, le ciel nous en préserve !