- Qu’est-ce que le prix Pinocchio ?
Le prix Pinocchio du développement durable est attribué chaque année aux entreprises coupables de « greenwashing » ou même de « socialwashing », c’est-à-dire qui communiquent de manière abusive sur leurs engagements environnementaux ou sociaux. Ces prix sont organisés pour la quatrième année consécutive par l’association Les Amis de la Terre (association à but non lucratif pour la protection de l’Homme et de l’environnement réunissant 2 millions de membres dans 77 pays) en partenariat avec le Crid (Centre de Recherche et d’Information pour le Développement). Les internautes peuvent voter directement en ligne : http://www.prix-pinocchio.org/nomines.php.
- Nominés de la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! »
La catégorie « Une pour tous, tout pour moi ! » concerne l’entreprise la plus agressive pour ce qui est de l’appropriation et l’exploitation abusive des ressources naturelles. Les nominés sont Tereos, Sime Darby et Bolloré.
Tereos est une entreprise agroalimentaire française notamment spécialisée dans la fabrication de sucre et qui produit des agrocarburants. Un accord avec le Mozambique lui permet de détourner plusieurs millions d’hectares fertiles (initialement utilisés pour la culture alimentaire) pour des monocultures destinées aux agro carburants, au détriment de la population locale dont 70% vit en dessous du seuil de pauvreté et dont les émeutes de la faim ont causé 13 morts et 300 blessés en 2010.
Sime Darby est le numéro un mondial de l’huile de palme, et prévoit même d’ouvrir une usine dans le sud de la France pour alimenter l’Europe. Sime Darby est en train d’acquérir des plantations de palmiers à huile représentant près de 4% de la surface du Liberia, et certains villages s’estimant spoliés ont porté plainte, soutenus par l’ONG Green Advocates.
La Bluecar de Bolloré (notamment exploitée par le service Autolib’ à Paris) propose une batterie plus légère et plus résistante de par sa composition en lithium. Or, l’exploitation du lithium a des conséquences sur les ressources en eau des pays du Sud en attaquant les nappes phréatiques, dans des régions déjà arides comme au Nord du Chili par exemple. Non seulement aucune mesure n’est prise pour compenser ces dégâts sur les nappes phréatiques, mais en plus l’activité humaine dans ces zones naturelles a de gros impacts sur la biodiversité.
- Nominés de la catégorie « Plus vert que vert »
La catégorie « Plus vert que vert » s’adresse aux entreprises qui auront mené la campagne de communication la plus trompeuse. Les nominés sont Vinci, Veolia Eau et l’Observatoire du Hors Média.
Vinci a toujours en projet la construction d’un nouvel aéroport dans la région de Nantes. Pour apaiser les agriculteurs il propose un observatoire agricole. Il leur promet qu’ils pourront vendre leurs produits dans les boutiques et restaurants de l’aéroport et propose même la mise en place d’une association pour le maintien de l’agriculture paysanne. Pourtant, la construction de ce nouvel aéroport (rejeté depuis 40 ans par les riverains) entraînera la destruction de 2 000 hectares de terres fertiles et la destruction d’un bocage écologique.
Veolia Eau prétend, dans ses campagnes de communication, défendre l’eau comme bien public et le confirme avec une charte développement durable. Pourtant, la fermeture en 2009 de la station d’épuration Bruxelles Nord a entraîné un conflit politique majeur et la pollution de trois cours d’eau en aval. De plus, la gestion déléguée de l’eau à Rabat au Maroc a eu pour conséquences une hausse injustifiée du prix de l’eau et des transferts de fonds opaques.
L’observatoire du hors média a, quant à lui, lancé une campagne de communication sur les vertus des prospectus papier sur l’environnement, en prétextant l’utilisation de bois français issu de l’entretien des forêts, des déchets de scierie et de papier recyclé. Or, les chiffres prouvent que 60% du papier fabriqué en France l’est à partir de pâte à papier importée de l’étranger (et donc probablement de forêts primaires) et la fabrication de papier est très énergivore à chaque étape de sa fabrication.
- Nominés de la catégorie « Mains sales, poches pleines !»
Enfin, pour la catégorie « Mains sales, poches pleines », le prix sera décerné à l’entreprise ayant la politique la plus opaque et lobbyiste. Les nominés sont Perenco, Toreador et la Société Générale.
Perenco est une entreprise pétrolière franco-anglaise qui exploite 47 puits dans un parc national du Guatemala. Le contrat a pris fin en 2010 et n’a pas été renouvelé car la zone est considérée comme zone protégée depuis 1989. Perenco a pourtant réussi à prolonger son contrat de 15 ans grâce à un trafic d’influence et à des conditions peu favorables pour le Guatemala, et la zone est protégée par des militaires qui intimident les communautés locales. A côté de cela, elle finance une exposition sur les Mayas au musée du Quai Branly à Paris…
Toreador est une compagnie pétrolière française qui détient plusieurs permis d’exploitation d’huile de schiste dans le bassin parisien. Suite à la Loi du 13 Juillet 2011, elle a déclaré à la population qu’elle s’engageait à ne pas utiliser la technique de fracturation hydraulique et qu’elle renonçait donc à l’exploitation dans le bassin parisien. Or, elle a récemment présenté à ses actionnaires les ressources que présentaient ces gisements, elle n’a donc apparemment pas l’intention d’y renoncer contrairement à ce qu’elle a laissé croire. D’autant que la fracturation hydraulique est actuellement la seule technique connue pour l’exploitation des huiles et gaz de schiste.
La Société Générale est la 4ème banque mondiale à financer le secteur du nucléaire. Elle est notamment impliquée dans la construction d’un réacteur au Brésil, mais qui n’a pas été approuvé par le congrès brésilien alors que la constitution Brésilienne l’exige. De plus, ce réacteur ne répond pas aux derniers standards de qualité et les conséquences en termes d’accident ont été soulevées plusieurs fois par les collectivités locales (évacuation difficile du site) mais sans succès.
- Avis Sequovia
La mise en place des prix Pinocchio nécessite une vraie enquête de terrain en amont, organisée par des associations. Ces prix permettent ainsi de dévoiler au grand jour des pratiques plus que douteuses masquées par de grandes campagnes de communication, et ce malgré des engagements affichés en termes de RSE.
En effet, les activités de ces entreprises ont des impacts réels sur l’environnement, la biodiversité et les populations locales qui méritent d’être connues du grand public, alors n’hésitez pas à voter pour votre lauréat !