Agité, arrogant, colérique et sans éducation : l'image extérieure de Nicolas Sarkozy n'a rien à envier au portrait que dressent fréquemment les français de leur président. Les derniers accrochages avec Berlusconi et Cameron constituent pour beaucoup d'observateurs étrangers la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Avec en dommage collatéral, et c'est le plus grave, la mise en cause de la crédibilité de la France.
Sarkozy avec un Z. Mais un Z comme zizanie et pas Zorro comme aurait pu le laisser penser un temps l'épisode géorgien. La dernière séquence européenne témoigne que notre président a plus des qualités de désintégrateur que d'agrégateur. Une surprise ? Pas vraiment quand on regarde le paysage hexagonal. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse de dresser les Français les uns contre les autres. Erigé en chef de clan, il a rompu avec la tradition républicaine qui veut que le Chef de l'Etat soit le gardien des institutions et le garant de l'unité nationale.
La majorité présidentielle peut, dans des effets de tribune, clamer aujourd'hui que la France n'est pas le caniche de l'Allemagne. Les aboiements répétés et les mauvaises manières ont définitivement irrité nos partenaires européens.
Depuis dimanche soir, les Italiens ne décolèrent pas. En humiliant Silvio Berlusconi, Nicolas Sarkozy a insulté toute la péninsule. Les anglais dissertent eux sur la grossièreté de notre président à l'égard de leur Premier ministre. Les allemands enfin, et c'est dramatique, ont dépassé le stade de l'irritation pour ignorer désormais leur encombrant voisin.
Dans ce contexte, la solide Allemagne a pris le volant. Il y a bien un pilote dans l'avion. Un seul. L'illusion d'une France faisant jeu égal avec l'Allemagne a cessé. Non tant en raison de la situation économique de notre pays que de la perte de crédibilité en la capacité de celui-ci à être un partenaire fiable, capable de faire émerger des solutions pour sortir l'UE de l'ornière.
Derrière sa personnalité controversée, Nicolas Sarkozy tombe pour les mêmes raisons que celles qui sont à l'origine de sa chute de popularité en France. A savoir, apparaître comme l'homme du Fouquet's. Celui qui pense que l'intérêt général est constitué de la somme des intérêts particuliers.
A cet égard, l'obsession de Paris à défendre les intérêts des banques françaises mouillées jusqu'au cou dans la dette grecque et à vouloir faire supporter aux contribuables européens l'addition de l'avidité des financiers français a été calamiteuse.