Pour Antonio, en souvenir, 1997
UNE fois de plus descend la tristesse
comme un serpent qui rampe au ras du sol.
Au même lieu et dans la même cendre,
les mêmes eaux calmes du même lac,
son gris argenté, les feuilles humides
depuis les pleurs d'hier.
D'il y a combien de temps ?
tu n'as plus de forme : tu en as eue
quand nous marchions ensemble contre le vent
qui de ton absence nous menaçait déjà.
Et aujourd'hui le jour
et son pâle éclat comme une timide nuit
éteint lentement mon regard.
L'ombre
En son sein à nouveau nous sommes un.
(Hic locus)
Para Antonio, en memoria, 1997
UNA vez más desciende la tristeza
como reptante sierpe a ras de suelo.
En el mismo lugar y en la ceniza misma,
las mismas aguas quietas en el mismo lago,
su plateado gris, las hojas húmedas
desde el llanto de ayer.
¿De cúanto tiempo antes?
Ya no tienes figura: la tuviste
cuando andábamos juntos contre el viento
que ya me amenazaba con tu ausencia.
Y ahora el día
de atenuada luz como tímida noche
apaga lentamente mi mirada.
La sombra.
Otra vez en su seno somos uno.
(Hic locus)
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L’HOMME s’éclipse. Demeure un reste de présence humaine. Souvenir d’évènements déjà lointains. Traces. Suivre la trace qui peu à peu se dissout. Dissolution. Trace. Comme l’escargot laisse derrière lui un reste de bave.
(Variation sur un texte de Bacon de 1952)
EL hombre se escabulle. Queda una huella de presencia humana. Recuerdos de acontecimientos ya lejanos. Rastros. Seguir el rastro que se va deshaciendo. Deshacimiento. Rastro. Como el caracol va dejando tras de sí une huella de baba.
(Variación sobre un texto de Bacon de 1952)
José Ángel Valente, fragments d'un livre futur, traduction et préface Jacques Ancet, édition bilingue, José Corti 2002, pp. 156/157 et 134/135.
José Ángel Valente dans Poezibao :
bio-bibliographie extrait 1, note de lecture de Fragments d’un livre futur, extrait 2, extrait 3, Fragmentos rotos/ Fragments brisés (par R. Klapka), ext. 4 (JP Sintive)