On nous dit que la sortie de crise par la planche billets serait la meilleure option possible. Pourtant, la théorie keynésienne est invalidée par l’expérience.
Par Vladimir Vodarevski
Un article du site Analyse Libérale
C’est ce qu’on appelle vulgairement le financement par la planche à billets. C’est ce qu’a fait la Fed, la banque centrale des USA, à travers ses politiques de quantitative easing. Cela signifie créer de la monnaie, ex nihilo, pour financer la dette des États européens. En effet, la BCE crée de la monnaie à chaque fois qu’elle achète de la dette.
C’est d’abord aller à l’encontre des traités européens, qui interdisent à la BCE de créer de la monnaie pour financer les États de la zone euro. La BCE a trouvé un subterfuge en rachetant de la dette sur les marché financiers et non pas directement lors de l’émission de l’emprunt par un pays de la zone. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un contournement rendu possible uniquement par l’assentiment des différents pays de la zone.
Ensuite, c’est le rejet, ou même le déni, de l’expérience. Pourquoi cette règle qui interdit ce qu’on appelle la monétisation de la dette a-t-elle été instaurée? Parce que la monnaie la plus stable d’Europe, et qui a soutenu l’édification de l’économie la plus puissante de l’Union était le Deutsche Mark. La banque centrale allemande avait construit cette monnaie en luttant scrupuleusement contre l’inflation. Cette monnaie, forte, constamment réévaluée, avait soutenu la croissance de l’Allemagne, qui était la première puissance exportatrice mondiale (et qui vient à peine de se faire détrôner par la Chine).
C’était un pacte: l’Allemagne acceptait d’abandonner le Deutsche Mark, à condition que la nouvelle monnaie soit aussi bien gérée. C’est ce pacte qui vole en éclats, ce qui explique les réticences allemandes.
Mais ce pacte n’est-il pas trop rigide? Ne faut-il pas libérer la création monétaire pour enrayer la crise, comme l’a fait la Fed?
Les médias popularisent l’idée que le laxisme monétaire, grâce notamment à la dévaluation, permettrait une reprise rapide et sans douleur. Rappelons cependant l’expérience française des années 1980. À cette époque, l’euro n’existait pas, le franc était dévalué selon le bon vouloir du gouvernement. Ce qui n’a pas empêché, sous un gouvernement socialiste, un plan de rigueur tel que cette expression est devenue tabou en France. Ce qui montre clairement les conséquences de la fuite en avant de l’endettement. On pourrait ajouter que la crise actuelle provient de la création monétaire débridée de la Fed.
Tel est le débat aujourd’hui. D’un côté, la théorie, héritée du keynésianisme, qui stipule que la dépense publique permet la relance de l’économie. Et, de l’autre côté la réalité, selon laquelle la relance budgétaire engendre des dettes qu’il faut rembourser, sans aucun effet de relance. L’Allemagne s’est astreinte à un gros effort pour retrouver l’équilibre budgétaire, de même que le pays emblématique de l’État providence, la Suède. Et ce sont ces pays qui sont en meilleure santé aujourd’hui. Ne serait-ce pas un signe?
De plus, le monde connaît aujourd’hui une inflation des prix des matières premières, laquelle n’est pas sans rapport avec les politiques de quantitative easing de la Fed.
Aujourd’hui, l’Europe négocie pour circonscrire la crise. Est prévue l’acceptation d’un défaut partiel de la Grèce, à hauteur de 50% de sa dette, par les banques, en échange d’une recapitalisation de ces dernières. Les négociateurs mettent également la pression sur l’Italie, pour qu’elle présente des perspectives budgétaires crédibles. Ils veulent éviter un effet domino: si un pays de la zone n’est pas crédible, toute la zone est entourée de suspicion.
Pour le moment, la proposition française de la planche à billets est écartée. Mais il semble que ce soit surtout l’Allemagne qui l’écarte. Cette proposition pourrait donc redevenir d’actualité. Avec ses effets prévisibles.
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