Le 5 octobre 1961, la préfecture de Paris décide un couvre-feu interdisant aux Algériens de sortir le soir. En signe de protestation (ou de provocation ?), le FLN demande aux ressortissants algériens de manifester dans Paris le soir du 17 octobre 1961, sous-estimant naïvement la portée politique de cette interdiction et ignorant les risques encourus par les manifestants.
L’affrontement est donc inévitable et la police réprime dans le sang la manifestation, entraînant la mort de plus de 140 Algériens.
Aujourd’hui, des voix s’élèvent en France pour dénoncer cette tragédie et exiger que cette date soit inscrite dans l’histoire de notre pays, sans aucune pensée pour les policiers tués dans les attentats du FLN.
Le 19 mars 1962, les accords d’Evian mettent fin à la guerre d’Algérie et donnent le signal de la chasse aux harkis et aux pieds- noirs : désarmés et abandonnés, ils vont être pourchassés, torturés et massacrés par milliers : près de 150 000 tués et disparus parmi les harkis et les pieds-noirs.
Pourtant, aujourd’hui peu de voix en France (et aucune en Algérie) dénoncent l’abandon et le massacre des harkis et demandent comme nous le réclamons que la France reconnaisse sa responsabilité dans le drame des harkis.
Est-ce à dire que les morts du 17 octobre 1961 ont plus d’importance que ceux du 19 mars 1962 et des jours suivants ? Est-ce à dire que le contentieux autour du drame des harkis est clos pour les autorités françaises ? Est-ce à dire que l’Algérie est prête à considérer les harkis autrement que des traitres ?
Nous laissons à chacun le soin de méditer ces questions et d’y apporter les réponses qui s’imposent pourvu qu’elles soient objectives.
Bien sûr, toute répression et tout crime doivent être dénoncés et toutes les victimes doivent être honorées. Le devoir de mémoire ne doit pas être sélectif, mais bilatéral pour apaiser et réconcilier les consciences. Et tant qu’il en ira autrement, nous choisissons de privilégier nos concitoyens, et dans ce cas particulier de commémorer d’abord nos morts.