Moi qui suis une inconditionnelle à la fois de Hergé et de Spielberg, je me régale comme cette semaine en revoyant à la télévision « Les Aventuriers de l’Arche perdue (3° épisode) ». Ce qui est troublant toutefois, c’est que le génial créateur d’Indiana Jones déclare qu’il n’a découvert les aventures de Tintin qu’après avoir tourné ses films, tant les situations rocambolesques et les retournements spectaculaires du bel archéologue sont semblables aux aventures du petit reporter.
En attendant d’aller voir le film, et comme toujours lorsque je me retrouve ici au milieu de mes bibliothèques de bandes dessinées, j’ai choisi de relire le premier album des « Aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième, au pays des Soviets ». Un premier coup de maître, à y regarder de plus près. Car au moment (1929) où Georges Remi reçoit de l’abbé Wallez – propriétaire du journal – la commande de cette bande dessinée, Hergé est bien loin d’imaginer la réalité atroce de ce qui se passe en Union Soviétique, et qui atteindra des sommets lors de la Grande Famine de 1932. En fait, il a pour unique source de documentation l’ouvrage d’un consul de Belgique en Russie, Joseph Douillet : « Moscou sans voiles ». Certaines des scènes du livre sont carrément reprises dans leur intégralité comme l’épisode de l’élection sous menace de révolvers. ..Qui me fait penser aussi à l’épisode de la proclamation des résultats du scrutin de Côte d’Ivoire, lorsque devant les caméras, un séide de Laurent Gbagbo arrache le listing des résultats des mains du porte-parole de la Commission électorale.
Tout est donc déjà dans « Tintin au pays des soviets », y compris la violente critique du régime totalitaire le plus classique, mais pas seulement. Et puis, aujourd’hui, nous savons que cela n’était pas anecdotique !
Les aventures de Tintin, reporter du Petit Vingtième au pays des soviets (1930) réédité en 1981 par Casterman, 137 p (mais curieusement le n° de la page 1 est situé à la deuxième page ...) 20€.