Du Ton (et du GROS Saumon)

Publié le 26 octobre 2011 par Hunterjones
"Monsieur, avez vous l'heure?"
"Ben là tabanark je le sais tu moé christ?"
(...)
Avouez que le premier homme, celui qui pose la question, est plutôt, banal. On peut remarquer qu'il ne prend pas la peine de s'excuser de déranger l'autre avec un "pardon..." ou un "excusez-moi, monsieur..." Mais sinon sa question est tout ce qu'il y a de plus simple. Il existe une réponse précise à la question au moment où elle est posée et cette même question peut être posée toute la journée et la réponse sera toujours différente.
Avouez aussi que le second homme, bien qu'il n'y ait aucune mise en contexte, réagit extrèmement mal. Cette question ne méritais pas une telle réponse.  Pas avec autant de violence verbale. Pas avec autant d'agitation. Avouez que si vous êtes ce premier homme et que vous reçevez ce type de réponse du deuxième, vous risquez de ne pas vous aventurer à en poser une autre au même homme.
On pourrait en quelque sorte dire que le réponse du second homme est teintée d'intimidation.
Tout est dans le ton.
À la radio l'autre jour, c'était à Maisonneuve en Direct, on parlait d'intimidation sur les chantiers de construction. Sur la Côte Nord si je me rapelle bien. J'entrais dans la voiture, j'ai donc manqué la question originale de l'animateur mais la réponse jappait de ma radio:
"...C'EST N'IMPORTE QUOI ÇA, C'EST DES GENS QUI SE MONTENT DES BEBITTES DANS LEURS TÊTES PIS QU'Y EN RÊVENT LA NUIT, Y EN A PAS DE PROBLÈMES SUR LES CHANTIERS, J'EN ARRIVE DE...(la Côte Nord?) PIS Y EN A PAS D'INTIMIDATION ..."
Je ne me rappelle plus exactement la suite parce que le ton noyait le propos. On avait (probablement) Michel Arsenault, président de la FTQ, qui ne donnait pas son opinion à une question mais qui criait, martelait, frappait du poing sur les ondes radios. Qui disait en d'autres termes "Fermez donc vos gueules au lieu de dire des niaiseries!". C'était comme si on demandait à un chasseur si il chassait en territoire illégal et qu'on reçevait une balle qui nous sifflait aux oreilles pour toutes réponses.
Simplement son ton, intimidant, répondait en quelque sorte à la question. Peu importe les propos qu'il tenait en ondes, son ton disait carrément qu'on s'adressait à l'intimdateur en chef. Exactement comme Rambo qui patrouillait les chantiers de...c'était quoi la Gaspésie?... et qui faisait une conférence de presse où il sort son regard de feu pour dire "qu'y en a pas de problèmes" (tabarnak, c'tu clair? disaient ses yeux, ses biceps exposés et ses canines bien en vue). Je ne me rappelle plus quel dirigeant, je crois que c'était aussi la FTQ, qui parlait d'une Commissions de clowns, pour jouer au clown, y en tu qui veulent jouer au clown? On va jouer au clown, si il y en a qui veulent qu'on joue au clown.
Tout est dans cette fameuse scène de Goodfellas. Nous sommes Ray Liotta qui passons le commentaire : Il y aurait supposément de l'intimidation sur les chantiers de construction. Ceux à qui nous posons la question c'est Joe Pesci. Vous avez vu cet homme aux nouvelles prêt à sauter au cou de la journaliste parce qu'il ne voulait pas répéter en direct ce qu'il lui avait dit hors caméra? Il ne parlait pas, il BEUGLAIT, il tremblait de tous ses membres en hurlant sa colère. ON VA TOUT PARDE! Y VONT TOUTE NOUS ENLEVER! 100% DÉTERMINÉ, 100% MADAME! Une intensité à arracher les têtes des fleurs du jardin avec sa voix. Les journalistes ne font que demandez l'heure, pas lieu de s'énerver. 
On apprenait avant la fin du premier lundi de "débrayage provincial spontané" que même la ministre du travail, elle même, cette belle grande dame aux yeux bleus, avait aussi été menacée. Toujours courageux d'essayer de faire peur à une grande fille.
Ils étaient bien drôles à faire semblant que le déclenchement des arrêts de travail sur les chantiers de construction n'avaient pas été planifiés.Ceux dont on parlait déjà la semaine dernière? Spontanés oui, oui.

Duh!
À d'autres.
Ils font du placement syndical de la même manière "naturelle".
Les gens sont poissons mais quand même... les saumons sont de plus en plus gros à avaler.
Il y a eu de grands moments d'humour involontaire aussi. TVA en direct est toujours du bijou mais lundi ils se surpassaient. On a même appris de la bouche du boss de la FTQ (Arsenault) que les syndicats existaient depuis le moyen-âge.
Quand vous sentez vous menacé vous? Moi je l'avoue, quand je croise un homme qui tient sur sa tête un bas nylon, j'ai toujours un malaise. J'ai une soudaine tension dans les muscles. Le prolongement du mouvement entamé, ce bas nylon à moitié ouvert sur la tête de quelqu'un, c'est de le descendre complètement par dessus le visage pour soit a) Se rendre méconnaissable en dévalisant/agressant quelqu'un b) se l'enlever vivement avant d'étrangler quelqu'un avec. A ou B c'est pas sympathique dans ma vie. Ça me garde tendu. Ça et un chien avec une tête de mangeur d'enfants surveillé mollement par son maître. C'est deux choses là sont pas mal ce que je trouve le plus intimidant dans ma petite vie casanière.
Pour le propriétaire de dépanneur ce sont les rassemblements de gens, errant en chuchotant, autour de leur lieu de travail. Excatement comme les boys en ce moment.
Y a-t-il de l'intidmidation sur les chantiers de construction? Allez demandez à cette femme qui devait aller témoigner devant Diane Lemieux et qui n'a pas pu parce qu'elle s'est fait casser tous les doigts de la main à coup de cap d'acier.
C'est quoi une menace sur un chantier de construction? Ç'est au minimum ces deux cas. Y en a tout plein des travailleurs de la construction qui auraient travaillé ces lundis et mardis, simplement parce qu'ils ont besoin des sous. D'autres par simple amour du métier. Parce que oui, ça existe des passionnés de la construction. Vous croyez qu'ils n'ont pas avalé de travers la direction de leur syndicat hier et avant-hier? On a même vu des travailleurs hurler à un autre de cesser de travailler et ce dernier de se justifier, penaud, aux caméras en disant:
"C'est parce qu'il faut faire la job, y a des petits vieux qui vont être dans ' rue d'ici la semaine prochaine sinon". On voyait dans son oeil, un être humain. On entendait dans ses propos un coeur. Un jeune homme, mandaté par son employeur pour filmer le chantier qui ne devait pas cesser de fonctionner, a mangé une raclée hier donnée par ceux-qui-n'intimide-personne. Vous les entendez les loups crier et faire croire qu'ils sont d'aimables chiots?
Quelqu'un qui parle fort?
Ça fait juste me dire qu'il a peur de quelque chose.
Bien souvent de son ombre.
Mais pour vouloir répendre la peur il faut d'abord qu'elle nous habite.
Mission complètement ratée. Zavez eu l'air cave avec votre spontanéité.
On réécrit le dictionnaire au Québec depuis quelque temps
Commission d'enquête sont maintenant deux mots qui, associés ensemble, ne donnent plus une définition tellement claire. Pas au Québec en tout cas.
Spontanéité n'a plus du tout le même sens depuis lundi non plus.