Il y a quelque chose de profond et fatalement perturbateur dans l’idée d’un labyrinthe. Son pouvoir d’attraction et de fascination est seulement comparable à celui que possèdent les choses face auxquelles nous sentons un danger qui pourrait facilement nous détruire mais dont le surpassement donne accès à des plans essentiels et supérieurs de l’existence, à des trésors surprenants et insoupçonnés.
Ces constructions compliquées dessinées en apparence sans propos et où nous courrons le risque de nous perdre pour toujours dans des boucles désespérantes, constituent une preuve de caractère alchimique (la connaissance des passages formés par ses galeries et couloirs reflète peut être le procédé d’apprentissage exigé pour pénétrer dans les domaines de la mort). D’un côté ils protègent le centre, symbole archétype d’accès au niveau du divin, du vide qui rend possible l’existence des choses, de la vraie vie, de ce qui est essentiel. De l’autre, et en connexion intime avec l’antérieure, ils opèrent comme symbole aussi bien de l’inconscient et du rêve que de l’erreur et de l’éloignement de la source de la vie, qui réside peut-être en eux.
Ce n’est donc pas si étrange qu’au long de l’Histoire dans tous continents, certaines villes et temples initiatiques ont été construits en forme de dédale, en occasions même à la manière de pièges pour emprisonner les forces du mal, incapables de résister à ses charmes. L’appel d’un labyrinthe a été en effet comparé aux chants des sirènes, ainsi comme les abîmes qui nous font trembler de vertige aux tourbillons dans l’eau et autres choses de similaire nature hypnotique.
Les labyrinthes se prêtent également à être interprétés comme des diagrammes du ciel qui illustrent et reflètent la danse des astres impulsée par la musique des sphères sans omettre de mentionner la notion de chute néo-platonique d’aspect gnostique, c’est à dire la perte et dissipation du pneuma divin à travers de la création, et la possibilité de retourner à sa plénitude à travers de la culmination de la recherche du centre.
Étant donné le rôle tellement important de la figure du dragon en Catalogne et compte tenu de certains aspects commentés ci-dessus, la preuve du labyrinthe est comparable en valeur symbolique à la lutte contre le dragon. Le Parc du labyrinthe de Horta, pas très connu, conçu au 18ème siècle par un architecte italien et un jardinier français, est un des lieux les plus évocateurs de Barcelone.
Le labyrinthe est sans doute son attraction principale, mais elle n’est pas cependant la seule si nous faisons cas de sa magnifique collection de statues néoclassiques et de la variété et le goût des espèces botaniques qui y sont présentes.