Régis Penet – Lorenzaccio

Par Yvantilleuil

Un lyrisme à fleur de peau !

Alors que Florence vit sous la tyrannie du duc Alexandre, bâtard des Médicis, la famille des Strozzi rêve de rétablir la République, mais sans véritablement oser donner corps au vent de révolte qui souffle dans la ville. Dans l’ombre du despote, Lorenzo de Médicis se plie aux moindres exigences de son cousin sanguinaire et imprévisible. Mais dans cet univers de vengeance et de pouvoir, Lorenzaccio partage également ce rêve de liberté…

Si l’histoire est connue de (presque) tous, c’est avec brio que Régis Penet (« Marie des loups », « Les nuits écorchées ») s’attaque à l’œuvre éponyme d’Alfred de Musset. Tout en conservant l’esprit sombre et romantique de cette célèbre pièce de théâtre inspirée par George Sand, l’auteur lui donne un aspect plus moderne et plus accessible. Il y a tout d’abord l’action, qui se déroulait originellement au XVIe siècle, et qui semble maintenant se situer dans un décor plus contemporain, voire intemporel. Malgré un côté toujours très littéraire, les textes semblent également dépoussiérés et l’idée d’y entremêler le poème « La nuit de décembre » s’avère également lumineuse car les deux textes du célèbre poète dramaturge se font ainsi brillamment écho.

Au centre de ce one-shot qui mélange poésie, tragédie, théâtralité et héroïsme, le lecteur découvre un héros ambigu, dont l’apparence livide contraste fortement avec l’ambiance carnavalesque et colorée de Florence. Au fil des pages, l’auteur dévoile les maux de cette cité et fait lentement tomber tous les masques. Derrière cette réputation de libertin, dévoué aux caprices du roi, le lecteur découvre un personnage solitaire et torturé, qui doit faire face à ses démons intérieurs.

Dès la couverture, ce one-shot installe d’ailleurs un ton sombre et romantique, qui accompagnera les désillusions du héros tout au long du récit. Alliant puissance et délicatesse, le graphisme de Régis Penet accompagne avec brio la longue chute du personnage principal et redonne vie à ce grand classique de la littérature romantique avec maestria.

Quand le neuvième art parvient à sublimer le sixième, il y a de quoi se réjouir.

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