Test de Resistance 3 sur PS3

Publié le 25 octobre 2011 par Axime

En ce dernier trimestre de l'an de grâce 2011, nul besoin de monter sur ses grands chevaux pour blâmer les éditeurs qui nous offrent une guerre des trois assez mémorable. Entre celle qui oppose les Locustes à Fenix, celle qui pousse Nathan Drake à marcher dans le désert et se sentir coupable ou encore celle qui nous met face à nos Chimères, les rêves des "Cassandre" en herbe se sont avérés justes et l'on assiste bel et bien à une effusion de sang de tout bord. Peut-on s'en plaindre lorsque la qualité se défend ardemment en bon soldat troyen ? Non, vraiment pas. C'est pourquoi on ne peut que se préparer avec entrain à partir en Resistance pour un ter qu'on espère en point d'orgue de la trilogie d'Insomniac Games, désormais officiellement émancipé de sa franchise.



Un bon plat de Resistance
Le monde va toujours aussi mal, malgré tout ce qu'a tenté de faire Nathan Hale, vaillant soldat luttant contre l'ennemi chimérien. Le virus continue à se propager et à faire ses victimes, obligeant les survivants à vivre reclus et tapis dans l'ombre, une position peu enviable de traqués et de traqueurs pour la rébellion. Celle-ci poursuit son acharnement envers la menace extra-terrestre et c'est désormais Joseph Capelli, l'un des protagonistes entrevus il y a quelques années, qui se trouve propulsé au grade de défenseur de la veuve, de l'orphelin et surtout de la Terre. Désormais basé dans l'Oklahoma, il se voit confier par le Docteur Malikov une ultime mission capable de sauver la race humaine. Comment ? En détruisant le portail spatio-temporel établi par la menace chimérienne et situé à New York.
Si l'on est au départ un peu désarçonné par ce changement radical mais indispensable à l'évolution du scénario, c'est aussi à cause du manque criant de charisme du nouvel espoir de l'empire qui contre-attaque. La relation entre lui et nous autres se renforcera progressivement, comme si ce lien naissant était nécessaire pour réellement nous faire prendre conscience de la détresse de "Joe", sorte d'Atreyu post-apocalyptique dans une histoire sans fin pour lui. Surtout que contrairement à une grosse poignée des FPS actuels où la trame scénaristique est souvent aussi enthousiasmante qu'un épisode d'un sitcom français des années Dorothée, Resistance 3 s'émancipe grâce à une histoire prenante, certes peu crédible à pas mal d'endroits, mais néanmoins très inspirée en d'autres et capable de nous tenir en haleine tout au long des 20 chapitres dont est composé le jeu de tir à vue subjective. Vous l'aurez ainsi compris, on est rapidement happés par l'univers du titre et ce malgré la sensation de "déjà-vu" que l'on peut logiquement avoir si l'on a déjà parcouru les précédents opus. Mais le plaisir est intact, doté d'une violente délicatesse pad en main grâce à l'ajout de features bien pensées et d'une mise-en-scène inspirée, dotée de certains moments de bravoure qui permettront de varier l'expérience du jeu en maintenant un rythme soutenu.
Une suite est généralement porteuse d'améliorations, du moins dans une grande majorité des cas, les remakes de George Lucas ne rentrant évidemment pas dans cette catégorie. Comme suggéré dans les lignes ci-dessus, les équipes d'Insomniac Games maitrisent leur sujet, notamment grâce à une connaissance accrue du support, mais aussi de l'histoire qu'elles ont elles-mêmes façonnée depuis bien longtemps désormais. C'est d'autant plus vrai qu'elles délivrent en guise de legs ce qui s'avère être à bien des niveaux le meilleur épisode de la saga, même si le premier volet garde encore une place de prédilection dans nos coeurs, un statut il est vrai secondé par la condition de premier FPS du support aux côtés d'un Haze bien naze. S'il n'enfile pas les innovations comme un collier de perles, Resistance 3 va proposer du solide pour déglinguer du monstre en toute impunité.



Quand les Chimères badinent
Un malin rictus sadique se dessine sur notre faciès grâce à l'une des premières modifications et l'abandon de l'auto-regen très à la mode dans les FPS ces dernières années. Exit donc les mises à couvert pour se refaire une santé, il va ici falloir la jouer fine et ne pas se ruer sur l'ennemi en gros bill indestructible. Cela rajoute du challenge, une notion légère de stratégie et d'analyse de la situation mais surtout on s'émancipe de cette dépendance aux zones de repli pour estomper miraculeusement le sang qui encadre notre interface. Dans le même ordre d'idée, il faudra éviter de tirer un peu partout inutilement, d'une part parce que le décor n'est pas destructible (dommage !) et d'autre part parce que les munitions des différentes armes ne fleurissent pas à tous les coins de rue, bien que nous en ayions suffisamment pour occire de la Chimère. Ceci dit, il faudra parfois user de ses avant-bras pour décrocher la mâchoire d'un ennemi, même si cela peut également être pour cause de folie et envie passagères de muscler nos pouces en appuyant sur R3.
Mais la qualité et la diversité des armes de Resistance 3 font qu'on peut très vite avoir la gâchette facile. Grâce au parti pris de proposer deux types d'armement, l'un humain, l'autre chimérien, on trouve très facilement son précieux. Ainsi, mon petit protégé fut le foreur, système extra-terrestre, qui dispose notamment d'une visée thermique "à la Predator" et dont les tirs passent à travers les murs. Diablement efficace lorsqu'on veut se la jouer infiltration. D'un autre côté, le rossmore ou fusil à pompe bichonnera les salves d'ennemis au cours de certaines séquences du jeu où l'on sera face à une armada de Chimères. Citons également le mutateur qui balance des spores sur l'ennemi qui peuvent s'étendre aux adversaires à proximité avec une efficacité défiant toute concurrence.
Le système d'amélioration renforce la promiscuité que l'on peut avoir avec tel ou tel canon puisqu'après une utilisation à moyen terme de votre équipement favori, celui-ci peut s'upgrader. Par exemple, le simple tir du foreur devient triple et permet de ratisser une zone plus large. Dans le même ordre d'idée, les capacités du chargeur et sa puissance peuvent aussi s'altérer. Bref, cela pousse aussi à diversifier sa technique d'attaque afin de découvrir les surprises concoctées par les développeurs et on ne peut que les remercier.
N'oublions pas non plus les grenades même si leur faible diversité – pratiquement identiques aux précédents volets comme la mine ou la grenade hérisson – nous forcera la plupart du temps à nous rabattre sur les tirs secondaires de chaque arme.
On regrettera en revanche la perte d'immersion ressentie lors d'un changement d'arme via une roue de sélection. Si l'on peut passer à la volée entre deux armes présélectionnées, il est tout à fait possible d'arrêter le cours de l'action pour se munir d'un autre pétoire en notre disposition. Du coup, on est libre d'user de ce temps de pause pour analyser nos munitions restantes, l'environnement actuel et s'il vaut mieux envisager la fuite compte tenu de la conjoncture de la situation.



Un jour j'irai à New York avec toi
Malgré des textures pas toujours folichonnes, la direction artistique gomme ces imperfections et donne de "la gueule" à l'ensemble, terme peut-être un peu léger mais correspondant bien au ressenti. Dès les premières minutes du jeu, la vie dévastée, l'impression d'une survie de chaque instant et cette ambiance pesante et anxiogène nous compriment les poumons. Nul besoin d'une 3D stéréoscopique très anecdotique pour s'en rendre compte, contrairement à Killzone 3 où l'on avait une réelle profondeur de champ apparente. Les cut scenes sont de qualité et la pétarade environnementale nous plonge dans cette Amérique apocalyptique des années 50. On vous l'a déjà dit, mais il y a une réelle volonté de bien faire dans le mode solo et coopératif de la campagne et on ne peut que saluer cet effort louable là où d'autres se cantonnent à ne faire que de l'esbroufe au profit du multijoueur quand bien même aussi plat que la Belgique.
Au niveau de la jouabilité, cela reste du très conventionnel pad en mains et le support du PlayStation Move ravira ceux qui ont adopté la visée par détection de mouvement. Précisons tout de même qu'il s'avère indispensable d'avoir le Navigation Controller pour jouer en toute quiétude et sans difficulté avec cette configuration.
Ceux qui ont la chance de jouer avec un home cinema branché en prendront plein les oreilles grâce à un excellent doublage (c'est assez rare pour le signaler), une très bonne spatialisation des bruitages et des basses qui ronronnent de plaisir.
Concernant celui qui n'est accessible qu'une fois le Pass Online validé (quelle honte ce système !), il est qualitativement en-deçà de la campagne, justement car on prend un pied d'enfer à tenter de sauver la Terre grâce aux éléments évoqués dans ce texte. Bonne nouvelle ceci dit : Insomniac Games a décidé de laisser de côté les 60 joueurs possibles simultanément au profit de quelque chose de plus standardisé sur console, à savoir 16 fraggeurs. Parmi les modes présents, on peut citer le deathmatch en solo ou en équipe, capture de drapeau, contrôle de zones, destruction ou encore de la défense d'objectifs. Bref, c'est du classique éprouvé, mais toujours aussi efficace pour qui adhère d'une part à l'armement et d'autre part aux 12 cartes proposées qui ne sont pas gigantesques.Si l'on ajoute à cela qu'elle manque clairement de verticalité pour qui aime déambuler dans les couloirs, vous aurez saisi que seuls les snipers s'en donneront à coeur joie quitte à camper sur des spots bien précis et facilement identifiables. Resistance 3 adopte enfin un système d'évolution proche de celui "vulgarisé" par les Call of Duty puisque des bonus comme invisibilité ou encore vitesse accrue se débloquent en cas d'enchaînement de frags. Vos armes pourront elles aussi profiter d'améliorations échangeables contre les pécules glanés au gré de vos déambulations à plusieurs mais cela aura pour effet direct de bancaliser les affrontements en joueurs de niveaux différents sur le jeu et pas forcément d'un point de vue dextérité au pad. Il faudra ainsi passer par ce chemin de croix d'inégalité le temps de pouvoir s'affronter à jeu égal. Est-ce que cela sera suffisant pour faire lâcher les ténors du genre qui s'apprêtent à pousser une nouvelle note bien placée sous peu ? Non, c'est certain. Mais, cela sera distrayant sur le moment et c'est la moindre des choses, surtout quand elle s'avère payante !